L’abus de médicaments : La facilité à obtenir des médicaments (antidépresseurs, anxiolytiques) peut engendrer une dépendance et une angoisse face à l’arrêt

Ouvrez l’armoire à pharmacie de nos sociétés : l’accès aux antidépresseurs et anxiolytiques est devenu si fluide qu’ils ressemblent parfois à des extincteurs posés dans chaque couloir.

Problème : mal utilisés, ces extincteurs finissent par asperger la pièce en permanence. On respire moins bien, on n’ose plus éteindre le jet, et l’idée même d’arrêter devient angoissante.

Le présent article n’est pas un procès contre les médicaments : les antidépresseurs sauvent des vies. Ainsi, les benzodiazépines (anxiolytiques, « Z-drugs » pour le sommeil) ont leur utilité à court terme.

En revanche, leur facilité d’obtention et la mauvaise gestion des durées fabriquent une double peine :

  • Dépendance,
  • et peur panique de la sortie.

Voyons ce que disent les données, ce que cela coûte socialement, et comment en sortir sans discours moralisateur.

De quoi parle-t-on, précisément ?

Antidépresseurs : pas addictifs, mais un vrai syndrome de sevrage

Les antidépresseurs (ISRS/IRSNa, tricycliques, etc.) ne provoquent pas de craving ni de recherche de produit au sens des drogues dites addictives.

En revanche, un arrêt trop rapide peut déclencher un syndrome de sevrage (vertiges, brain zaps, irritabilité, anxiété, troubles du sommeil), parfois confondu avec une rechute.

Les lignes directrices britanniques (NICE) exigent désormais un arrêt en paliers, avec suivi et possibilité de ralentir si les symptômes deviennent gênants (mise à jour 2023 de la qualité de soins QS8 – NG222/NG215).

La prévalence exacte des symptômes varie selon les revues. Un travail récent dans The Lancet Psychiatry et ses reprises institutionnelles évoquent ≈ 15 % de personnes avec symptômes de sevrage (≈ 3 % sévères), quand d’autres analyses retiennent des chiffres plus élevés et pointent le rôle des attentes négatives (effet nocebo) dans une partie des plaintes.

Le message commun : anticiper et accompagner l’arrêt, plutôt que couper net.

Anxiolytiques et hypnotiques : utiles en aigu, piégeux au long cours

Pour les benzodiazépines et apparentés (« Z-drugs » comme le Zolpidem), le consensus est clair. Indications ciblées, durées très courtes (en France) :

  • 8–12 semaines maximum pour les anxiolytiques,
  • 2–4 semaines pour les hypnotiques),
  • puis réévaluation et sevrage progressif.

Au-delà :

  • Augmentation de la tolérance,
  • Dépendance,
  • Troubles de mémoire,
  • Chutes (surtout chez les aînés),
  • et risques liés à la conduite.

Une accessibilité qui alimente l’usage prolongé

Des volumes en hausse (antidépresseurs) et des millions d’usagers (benzodiazépines)

Dans l’OCDE, la consommation d’antidépresseurs a augmenté d’environ 50 % entre 2011 et 2021 (et encore +10 % en moyenne entre 2019 et 2021).
L’usage s’étend, les durées se prolongent. C’est multifactoriel :

  • Meilleure détection,
  • Lignes directrices élargies,
  • mais aussi prescriptions plus longues.

Côté France, l’ANSM rappelle en 2025 que plus de 9 millions de personnes ont reçu au moins une benzodiazépine en 2024, avec des dépassements fréquents des durées recommandées.

Les risques de somnolence, troubles cognitifs et chutes y sont ré-expliqués au grand public.

Quand la régulation fonctionne (et ses effets pervers)

Par exemple, la prescription sécurisée du zolpidem instaurée en 2017 a divisé par deux la prévalence d’usage mais a provoqué un report vers la zopiclone.

Moralité : un verrou isolé ne suffit pas, il faut un ensemble (formation, alternatives non médicamenteuses, suivi).

Le coût psychosocial (qu’on ne voit pas sur l’ordonnance)

Individus

Sédation diurne, troubles de mémoire et de l’attention. Ce brouillard ronge la performance au travail, érode la confiance, isole socialement. Chez les personnes plus âgés, chutes et confusion pèsent lourd sur l’autonomie et les aidants.

Au volant, certains médicaments sont assortis d’un pictogramme de danger pour la conduite. Le risque n’est donc pas théorique.

Entreprises et système de santé

  • Absentéisme,
  • Erreurs,
  • Accidents,
  • Hospitalisations pour chutes.

Autant de coûts invisibles, disséminés.

Quand la molécule devient béquille par défaut, elle remplace des dispositifs plus pérennes (Thérapie Palo Alto pour l’insomnie et l’anxiété, aménagements de travail, psychothérapie).

Les guides NG215 de NICE cadrent précisément ce risque aggravé de dépendance iatrogène et la nécessité d’aménager des plans de sortie.

Pourquoi arrêter fait si peur ?

Physiologie et apprentissage

Le corps s’adapte : stoppez trop vite, il réagit (rebound, sevrage).

Ce n’est ni faiblesse ni une addiction morale, c’est de la biologie prévisible pour les BZD et du sevrage possible pour les antidépresseurs si l’arrêt est mal conduit.

Psychologie des attentes (l’effet nocebo)

Être prévenu qu’un symptôme peut survenir le fait parfois survenir. L’effet nocebo amplifie l’anticipation négative. L’information doit être honnête et proportionnée, sinon on fabrique de l’angoisse.

Autant de points qui souligne l’importance du tapering adapté et flexible, plutôt que la bravade du type : « j’arrête net ».

Ce que dit la science sur l’arrêt : messages simples

  • Antidépresseurs : arrêt en paliers, surveillance rapprochée, différencier rechute et sevrage. Ralentir si nécessaire.
  • Benzodiazépines : durées courtes ; sevrage progressif sur semaines/mois ; attention accrue chez les aînés (mémoire, chutes).
  • Hyperbolic tapering (réduction proportionnelle de plus en plus fine) : proposition publiée pour mitiger les symptômes d’arrêt d’ISRS. À discuter au cas par cas avec le prescripteur.

Le parachute en béton

Un anxiolytique à court terme, c’est un parachute qui évite le crash.

Au long cours, sans ré-entraîner le pilote (sommeil, attention, coping), le parachute se solidifie, et quand on veut le replier, on craint qu’il casse. Ce n’est pas une raison pour sauter sans filet. C’est une invitation à replier lentement, avec un moniteur.

Comment sortir du piège : un plan à trois niveaux

1) Vous + votre soignant (la micro-ingénierie du sevrage)

  • Clarifier la cible : pourquoi arrêter ? (effets indésirables, grossesse/projet, inefficacité, préférence).
  • Plan écrit : réduire par paliers, fréquence de revue définie, possibilité de geler/ralentir si symptômes d’arrêt.
  • Différencier rechute vs sevrage : timing, profil des symptômes, tests comportementaux (ex. activité plaisante : sevrage souvent fluctuant, rechute plus « plate »).

Soutiens non médicamenteux

  • TCC (thérapie cognitive et comportementale) : utile pendant le sevrage de BZD (benzodiazépines) pour réduire l’anxiété de rebond (données cliniques cohérentes).
  • ACT (thérapie d’acceptation et d’engagement) : apprendre à agir avec l’inconfort, plutôt que tenter de l’éradiquer.
  • Sommeil (CBT-I), activité physique, hygiène numérique : moins de caféine/alcool, écrans tardifs limités (les benzodiazépines ne traitent pas la cause).

2) L’équipe de soins (bonnes pratiques de prescription)

  • Durées bornées d’emblée, alerte dossier si > 4 semaines (hypnotiques) ou > 12 semaines (anxiolytiques).
  • Revue régulière : bénéfices vs risques et plan de sortie dès la prescription.
  • Éviter les combinaisons dangereuses (ex. opioïdes + BZD : dépression respiratoire) et pictogrammes conduite expliqués clairement.

3) Les règles du jeu (institutions)

  • Prescriptions sécurisées ciblées quand l’abus est avéré (l’exemple zolpidem a réduit l’exposition nationale, au prix d’un report).
  • Parcours non médicamenteux visibles (remboursement, délais d’accès, CBT-I en 1ʳᵉ ligne pour l’insomnie).
  • Tableaux de bord publics : durées moyennes, proportion d’arrêts programmés, accès aux psychothérapies.

La plomberie émotionnelle

Un antidépresseur peut remettre la pression dans le circuit quand tout fuit.

Mais si l’on oublie de réparer les joints (habitudes de sommeil, relations, attentes au travail, thérapies), on laisse la vanne ouverte. L’eau finit par stagner, et couper la vanne fait peur.

La solution : réparer pendant que ça coule, puis réduire le débit, mais ne pas fermer brutalement.

Mini-protocole (non médical, à discuter avec votre prescripteur)

  • Inventaire (1 semaine) : raisons d’arrêter, effets actuels, facteurs de vulnérabilité (stress, sommeil).
  • Micro-paliers (semaines 2-8 et +) : planifier des réductions graduelles (par pourcentages, hyperbolic tapering si nécessaire), stabiliser avant palier suivant, ralentir si besoin.
  • Pare-chocs : TCC/ACT, respiration lente, activité physique très régulière, routines de sommeil.
  • Feu rouge : confusion, idées suicidaires, sevrage sévère, reprise de consommation d’alcool et/ou de benzodiazépines ce qui nécessite un avis médical urgent.

Important : ceci n’est pas un schéma d’ordonnance. Ne modifiez jamais un traitement sans en parler à votre médecin.

Mythes à déboulonner

  • « Un antidépresseur, ça s’arrête d’un coup » : non, tapering (baisse progressive) recommandé.
  • « Les benzos, c’est sans risque si je dors mieux » : cela comporte un risque de dépendance, de chutes et de troubles cognitifs qui s’aggravent  avec le temps. Cela ne s’entend donc que pour des durées courtes.
  • « Si j’ai des symptômes à l’arrêt, c’est que je vais mal » : pas forcément, cela peut être du sevrage. Donc, on ralentit, on accompagne.

Et si on regardait les chiffres en face ?

  • Antidépresseurs : hausse marquée des consommations dans l’OCDE (≈ +50 % en 10 ans), et progression 2019–2021 (~ +10 %).
  • Benzodiazépines (France) : usage massif, durées trop longues malgré les rappels (8–12 sem max anxiolytiques. 2–4 sem hypnotiques.
  • Régulation zolpidem : baisse nette d’usage, déplacement vers zopiclone ⇒ penser politiques intégrées.

Que faire dès demain ?

  • Côté patients : avant toute prescription, demander la durée prévue, le plan d’arrêt, et les alternatives non médicamenteuses.
  • Côté cliniciens : documenter la sortie dès l’entrée, planifier des revues, coder les durées (alertes).
  • Côté décideurs : facilitez l’accès aux TCC/ACT (délais, remboursement), aux programmes de sevrage accompagnés, et publiez des indicateurs de durées.

On ne reproche pas au marteau d’enfoncer des clous. On lui reproche de rester dans la main quand le clou est déjà au mur.

Les antidépresseurs peuvent redonner de l’élan. Les anxiolytiques peuvent éviter un crash. Mais la facilité d’accès – sans plan de sortie – sème la dépendance et fabrique l’angoisse d’arrêter.

La voie adulte n’est pas l’abstinence héroïque ni la pilule infinie. C’est la maîtrise :

  • Prescrire court,
  • Accompagner long,
  • Préparer l’arrêt.

Quand on coupe le jet, ne pas confondre les premières gouttes qui manquent avec une sécheresse éternelle.

Important

Pour aller plus loin dans votre réflexion, Deeler.app vous accompagne avec des exercices personnalisés et un suivi de votre évolution.

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Pas d’idée précise ? Ouvrir Deeler

Ceci ne remplace pas un avis médical. En cas de nécessité, contactez les services d’urgence.

Questions fréquentes

Les antidépresseurs rendent-ils dépendant ?

Non au sens du craving, mais un syndrome de sevrage peut survenir si l’arrêt est trop rapide (vertiges, « brain zaps », irritabilité, anxiété, troubles du sommeil). D’où l’intérêt d’un arrêt progressif et accompagné.

Quelle est la différence entre “rechute” et “sevrage” ?

Le sevrage apparaît souvent quelques jours après la baisse/arrêt et fluctue. La rechute évolue plus continûment (humeur basse, désintérêt). Dans le doute, contactez votre prescripteur et ralentissez le rythme de réduction.

Combien de temps peut-on prendre une benzodiazépine (anxiolytique) ou une “Z-drug” (hypnotique) ?

En règle générale : durées courtes (anxiolytiques ≈ 8–12 semaines max, hypnotiques ≈ 2–4 semaines), sauf avis spécialisé. Plus c’est long, plus augmentent tolérance, dépendance, troubles de mémoire et chutes chez les aînés.

Comment arrêter un antidépresseur en sécurité ?

Par paliers (semaine(s) entre chaque palier), avec suivi et souplesse. Si des symptômes d’arrêt surviennent, on ralentit. Hors avis médical, l’arrêt net est déconseillé.

Qu’est-ce que le “tapering hyperbolique” ?

C’est une réduction proportionnelle de plus en plus fine à mesure que la dose diminue (petits paliers en bas de dose) pour limiter le sevrage. À discuter au cas par cas avec le médecin.

Quels signes de sevrage peut-on observer avec les ISRS/IRSNa ?

Vertiges, paresthésies/« brain zaps », irritabilité, anxiété, insomnie, nausées ; généralement réversibles et atténués si l’on ralentit le sevrage.

Puis-je conduire sous anxiolytiques ou hypnotiques ?

Prudence : somnolence et temps de réaction peuvent être altérés. Se référer au pictogramme de risque sur la boîte et à l’avis du médecin ou du pharmacien.

Alcool, opioïdes et benzodiazépines : quels risques ?

Association à éviter : dépression respiratoire, sédation importante, accidents. Parlez-en impérativement à votre médecin.

Quelles alternatives non médicamenteuses pour l’anxiété/le sommeil ?

  • Thérapie comportementale (Palo Alto),
  • ACT (acceptation/engagement),
  • CBT-I (TCC de l’insomnie),
  • Activité physique régulière,
  • Hygiène du sommeil,
  • Gestion des écrans, usage de la caféine.

Elles réduisent la dépendance aux molécules.

Que faire si l’arrêt déclenche des symptômes ?

Ralentir, revenir au palier antérieur si besoin, consulter. Éviter les yoyo brutaux. Un plan écrit (paliers, repères, signes d’alerte) rassure et structure.

Les “Z-drugs” (zolpidem, zopiclone) sont-elles plus sûres que les benzos ?

Elles partagent des risques proches (tolérance, dépendance, troubles de mémoire, chutes) si usage prolongé. Même logique : indications ciblées et durées courtes.

Deeler.app peut-il remplacer mon médecin ou ma thérapie ?

Non, c’est un outil d’accompagnement (plan d’actions, exercices) qui complète le suivi humain. Diagnostic, prescription et décisions d’arrêt : médecin uniquement.

Grossesse/allaitement : que faire avec mon traitement ?

Ne modifiez jamais sans avis. Le médecin évalue le bénéfice/risque (molécule, dose, trimestre) et propose des alternatives ou un tapering adapté.

Je suis âgé(e) : quelles précautions particulières ?

Risque accru de chutes, confusion, effets cognitifs. Privilégier les doses minimales, durées courtes, réévaluations fréquentes, et alternatives non médicamenteuses.

Quelles sources officielles consulter ?

  • En France : HAS, ANSM.
  • International : NICE (Royaume-Uni).

Votre médecin et pharmacien sont vos interlocuteurs de première ligne.

Mentions utiles : Ne changez pas un traitement sans en parler à votre médecin.

Références

  • NICE (UK) – Arrêt des antidépresseurs : réduction en paliers, suivi et flexibilité (QS8 mis à jour 2023 ; NG222/NG215)
    QS8 – Stopping antidepressants :
    lire en ligne  | 
    NG222 – Depression in adults: treatment and management :
    page guide  | 
    NG215 – Medicines associated with dependence/withdrawal :
    page guide
  • NICE +1
    NG222 – Recommendations :
    chapitres détaillés  | 
    NG222 – PDF complet :
    télécharger
  • NICE NG215 (2022) – Médicaments associés à dépendance/symptômes de sevrage
    Page guide  | 
    PDF
  • OCDE (2023) – Consommation d’antidépresseurs (2011–2021 ≈ +50 % ; 2019–2021 ≈ +10 %)
    Health at a Glance 2023 – Pharmaceutical consumption :
    voir le chapitre  | 
    Profils pays UE 2023 (PDF) :
    télécharger
  • ANSM (2025) – Bon usage des benzodiazépines
    Dossier thématique :
    consulter  | 
    Campagne 2025 (> 9 millions d’usagers en 2024) :
    actualités
  • HAS (2015) – Durées : 8–12 sem (anxiolytiques) ; 2–4 sem (hypnotiques) ; sevrage progressif
    Fiche mémo (PDF) :
    Arrêt des benzodiazépines et apparentés  | 
    Repères complémentaires :
    Quelle place dans l’anxiété ?
  • Zolpidem (France, 2017) – Prescription sécurisée
    Étude PLOS ONE (SNDS) :
    texte intégral  | 
    Version PubMed Central :
    PMC
  • Horowitz & Taylor (2019) – Hyperbolic tapering des ISRS
    PubMed :
    résumé  | 
    The Lancet Psychiatry :
    texte intégral
  • Effet nocebo et information du patient
    Frontiers in Psychiatry (2021) :
    article  | 
    Frontiers in Psychology (2023) :
    éditorial
  • Conduite & médicaments – Pictogrammes et risques
    FDA – Some Medicines and Driving Don’t Mix :
    conseils officiels  | 
    FDA – Drug Safety Communication (opioïdes + benzodiazépines) :
    alerte sécurité

Le déclin de la lecture : La perte de concentration peut être vécue comme un échec personnel, et engendrer de l’anxiété

Nous vivons à l’ère du tout, tout de suite. Une ère où la moindre friction est suspecte, où la fluidité prime sur la profondeur, où un paragraphe paraît déjà long.

Ouvrir un livre, c’est affronter une pente. Scroller, c’est se laisser glisser. Beaucoup en sortent avec une impression sourde d’échec : « Je n’arrive plus à me concentrer, c’est de ma faute ».

Culpabilité additionnée à l’agacement de soi : cocktail idéal pour l’anxiété.

Partons d’un constat simple : si vous avez de plus en plus de mal à lire longtemps, ce n’est pas (uniquement) un déficit de volonté. C’est un produit conjoint de l’architecture attentionnelle des plateformes, de l’économie de l’instant et d’un imaginaire culturel qui confond vitesse et intelligence.

Il existe des ressorts neurocognitifs bien documentés, des conséquences psychosociales visibles, et des manières concrètes de reprendre la main.

« Je n’arrive plus à lire » : pourquoi cela ressemble à un échec et n’en est pas un

L’échec personnel est une grille de lecture tentante : nous sommes responsables de nos choix, donc s’il est devenu difficile de terminer vingt pages sans regarder le téléphone, c’est de notre faute.

Sauf qu’une part du problème est structurelle : nos environnements numériques sont explicitement conçus pour saisir l’attention par micro-récompenses, rythmes courts, signaux sociaux et incertitude programmée (renforcement intermittent), les mêmes leviers comportementaux que les machines à sous.

S’y opposer par la seule volonté, c’est s’asseoir à côté d’un buffet gratuit et se jurer de jeûner.

Mettons fin au mythe moral : l’atrophie de la lecture longue n’est pas un péché, c’est un entraînement à l’envers.

Ce que l’on pratique, on le renforce. Or nous pratiquons des milliers de micro-séquences dispersées chaque jour. La lecture profonde (deep reading) réclame l’inverse :

  • Continuité,
  • Effort soutenu,
  • Lenteur assumée.

Ce que disent les sciences cognitives : l’attention est un muscle plastique

Le circuit du lecteur n’est pas inné

La neuroscientifique Maryanne Wolf l’a popularisé : le cerveau n’a pas été programmé par l’évolution pour lire.

Nous recyclons des réseaux visuels, phonologiques, sémantiques pour former un circuit culturel malléable donc reconfigurable (Wolf, Proust and the Squid, 2007 ; Reader, Come Home, 2018).

Et, bonne nouvelle, ce circuit peut se réentraîner. Mauvaise nouvelle : il peut aussi se désentraîner quand l’environnement récompense l’éparpillement.

Multitâche : l’illusion qui coûte cher

Des travaux de Stanford (Ophir, Nass & Wagner, 2009) montrent que les heavy media multitaskers filtrent moins bien les distracteurs et commutent plus lentement entre tâches.

  • Traduction: plus on alterne, plus on perd. Lire dix minutes, répondre à un message, jeter un œil aux notifications, revenir au texte, c’est faire patiner la boîte de vitesses.

Internet et cognition : effets sur la mémoire de travail

Une revue (Firth et al., Nature Human Behaviour, 2019) souligne trois zones sensibles :

Les sauts constants parasitent l’encodage. A contrario, la lecture profonde favorise l’élaboration, les inférences et l’empathie narrative.

Réseaux sociaux : la fabrique du tout, tout de suite

L’algorithme comme usine à micro-dopamine

Le défilement infini (infinite scroll), l’autoplay et les boucles de validation sociale (like, vue, partage) optimisent la fréquence des petites récompenses imprévisibles.

C’est passionnant économiquement, délétère attentionnellement.

On parle parfois de bêtisation : c’est moins une insulte qu’un constat d’abaissement de la complexité moyenne des contenus consommés, calibrés pour le court, le punchline, l’émotion rapide.

De l’information à l’infodivertissement

La simplification outrancière, les coupes et hooks agressifs déplacent notre tolérance à l’effort.

Quand le cerveau s’habitue à ces densités réduites, tout texte un peu exigeant paraît trop. Ce n’est pas la littérature qui est devenue hermétique, c’est notre seuil de patience qui a descendu deux étages.

Le coût psychique : anxiété par auto-jugement

L’effet pervers est double :

  1. Baisse réelle des performances attentionnelles.
  2. Interprétation morale (« je ne vaux rien »).

L’anxiété prospère dans ce décalage. Plus on s’auto-déprécie, plus on évite les tâches longues (lecture), plus les circuits s’amenuisent, ce qui constitue la boucle d’entretien classique des symptômes anxieux.

Le numérique n’est pas monolithique : distinguer poison et remède

Avant d’accabler uniformément les outils numériques, nuançons. Tous les contenus courts ne se valent pas, et certains usages du numérique peuvent même favoriser la profondeur cognitive.

Les micro-contenus de qualité : des portes d’entrée, pas des impasses

Les threads scientifiques structurés décomposent des concepts complexes en étapes digestibles.

Un fil Twitter sur l’épigénétique, s’il est rigoureux et sourçé, peut piquer la curiosité et orienter vers une lecture longue ultérieure. Le problème survient quand ces contenus restent isolés, noyés dans un flux d’informations hétéroclites.

Les newsletters approfondies occupent un territoire intermédiaire intéressant : plus longues qu’un post, plus courtes qu’un livre, elles maintiennent un rythme de réflexion soutenu. Des publications comme « La Matinale du Monde » ou « Brief.me » prouvent qu’on peut informer sans simplifier à outrance.

Les podcasts longs (1h+) réhabilitent l’attention soutenue tout en étant compatibles avec la mobilité. France Inter, Les Regardeurs ou La Méthode scientifique cultivent l’art de la digression féconde, opposé au zapping permanent.

Le format n’est pas le problème, l’architecture l’est

Un article de 300 mots peut être plus stimulant cognitivement qu’un livre de 200 pages s’il pose les bonnes questions et invite à la réflexion. À l’inverse, un pavé de 500 pages peut n’être qu’un étirement d’idées simples.

La vraie ligne de fracture passe entre :

  • Contenus exploratoires : ils ouvrent des pistes, connectent des idées, invitent à creuser
  • Contenus consuméristes : ils ferment le questionnement, livrent des conclusions toutes faites, et épuisent le sujet

L’enjeu n’est donc pas d’éliminer le format court, mais de créer des écosystèmes où les format courts et long se nourrissent mutuellement.

La fracture attentionnelle : quand les inégalités sociales rencontrent le numérique

Nonobstant une perspective individuelle, derrière la crise de la lecture se cachent des inégalités structurelles que le numérique amplifie plus qu’il ne les crée.

L’inégalité d’accès matériel : au-delà des bonnes intentions

Un roman récent coûte 20€, un essai 25€.

Pour un ménage aux revenus modestes, c’est un arbitrage contre d’autres loisirs. Les bibliothèques publiques comblent partiellement ce manque, mais leurs horaires (souvent calés sur les rythmes de bureaux) excluent ceux qui travaillent en horaires décalés.

L’espace de la concentration

Lire en profondeur réclame du calme.

Dans un logement surpeuplé ou mal insonorisé, dans un open space bruyant, la lecture devient un combat permanent contre l’environnement. La serre évoquée plus haut n’est pas un luxe poétique, c’est un privilège socio-économique.

Le temps non contraint

Après une journée de travail physiquement ou mentalement éprouvante, après les transports, les courses, les enfants, il reste peu d’énergie cognitive pour affronter un texte exigeant.

La fatigue oriente vers des contenus plus passifs :

  • Télévision,
  • Réseaux sociaux,
  • Divertissement léger.

L’inégalité culturelle : la transmission invisible

Le capital linguistique

Tous les ménages ne transmettent pas la même aisance avec la langue écrite complexe.

Vocabulaire étendu, syntaxe élaborée, références culturelles implicites. Acquises dès l’enfance, ces ressources déterminent largement la capacité à aborder des textes exigeants sans découragement.

La légitimité culturelle

Dans certains milieux, lire est une évidence valorisée. Dans d’autres, c’est perçu comme une activité élitiste ou déconnectée du vrai monde. Cette différence d’éthos familial influence profondément les pratiques ultérieures.

Les réseaux de prescription

Qui vous recommande vos lectures ? Les cadres supérieurs bénéficient souvent de cercles sociaux où circulent suggestions, critiques et débats autour des livres. Cette sociabilité lettrée manque ailleurs, laissant chacun face aux algorithmes commerciaux.

L’amplification numérique des inégalités

La fracture d’usage

Le numérique peut être émancipateur ou aliénant selon l’usage qu’on en fait.

Les enfants de milieux favorisés utilisent tablettes et ordinateurs pour rechercher, créer, approfondir. D’autres les utilisent majoritairement pour consommer des contenus légers.

Même équipement, usages opposés, résultats divergents.

L’algorithme comme révélateur de classe

Les plateformes proposent des contenus basés sur les interactions passées.

Si votre historique est marqué par des vidéos courtes et du divertissement, l’algorithme vous orientera vers plus du même. À l’inverse, un historique riche en contenus documentaires et culturels ouvre vers des recommandations plus exigeantes.

Le numérique cristallise et amplifie les différences de capital culturel initial.

Les données françaises : une fracture documentée

Les enquêtes du ministère de la Culture sont sans appel : 47% des ouvriers et employés ne lisent jamais de livre, contre 15% des cadres supérieurs. Cette fracture s’accentue avec l’âge et se transmet de génération en génération.

Plus inquiétant : les enfants de familles non-lectrices rattrapent difficilement le retard, même avec une scolarité normale. L’école compense partiellement, mais ne peut suppléer totalement à l’absence de modèles familiaux.

Conséquences psychosociales : bien au-delà des livres

Santé mentale : anxiété, humeur, sommeil

L’hyper-fragmentation favorise la ruminations et l’auto-comparaison.

Le soir, la lumière bleue et la stimulation cognitive retardent l’endormissement. La dette de sommeil accroît irritabilité et vulnérabilité émotionnelle.

Plusieurs études corrèlent usage intensif des réseaux et symptômes dépressifs/anxieux, en particulier chez les adolescents (voir par ex. Twenge et al., 2018. Synthèses européennes sur la santé mentale et les écrans).

Relation et travail : shallow talk et productivité en miettes

Au travail, le micro-fractionnement conduit à une productivité feuilletée. Beaucoup de traces d’activité, peu de profondeur.

En réunion, on résume des résumés. Dans les conversations, l’ironie remplace l’argument. On bascule d’un monde de textes à un monde de signaux.

Scolarité et inégalités

Les évaluations internationales montrent une dégradation préoccupante de la compréhension écrite.

En France, l’enquête PIRLS 2021 signale une baisse du niveau des élèves de CM1 par rapport à 2016. Dans la même veine, PISA 2022 met en lumière une chute de la compréhension de l’écrit dans de nombreux pays de l’OCDE.

La fracture n’est pas seulement numérique. Elle est attentionnelle. Ainsi, les enfants dont les environnements favorisent la lecture longue creusent l’écart.

Panorama international : un symptôme global, des nuances locales

France et Europe

PIRLS (2021) en primaire, PISA (2018, 2022) au collège/lycée, confirment l’érosion de la lecture approfondie, amplifiée post-pandémie. Les pays nordiques, historiquement lecteurs, notent aussi une baisse des indicateurs de lecture loisir chez les jeunes.

États-Unis

NAEP (« Nation’s Report Card ») 2022 observe un repli des scores de lecture chez les élèves de 9 ans, plus marqué chez ceux déjà en difficulté. Nicholas Carr (The Shallows, 2010) a cristallisé le débat public sur la superficialisation de la cognition à l’ère du web.

Asie

Malgré de très bons résultats PISA en lecture dans certains pays (ex. Singapour), les autorités éducatives alertent aussi sur l’excès d’écran récréatif et les effets sur l’attention et le sommeil. Des politiques locales mêlent bibliothèques vivantes et hygiène numérique.

Partout, le même nœud : plus d’accès à l’information n’implique pas plus de compréhension. La capacité d’attention soutenue devient l’infrastructure mentale de toute justice cognitive.

La serre et la friche

La lecture profonde est une serre :

  • Elle réclame un microclimat (silence, temps continu),
  • Un arrosage régulier (ritualisation),
  • et une lumière stable (objectifs clairs, sans notifications).

Nos journées ressemblent à une friche. Mille pousses se disputent la même terre. La serre n’est pas un luxe, c’est l’écosystème nécessaire pour que certaines plantes (idées longues, empathie nuancée, raisonnement) survivent.

L’échelle et le toboggan

  • Le toboggan, c’est le feed : rapide, amusant, sans effort, et on recommence.
  • L’échelle, c’est le texte difficile : montée lente, palier après palier, vue dégagée au sommet.

Si tout devient toboggan, on oublie la joie singulière d’une vue panoramique. La lecture n’est pas une punition, c’est une altitude.

Mythes à déboulonner

Les jeunes ne lisent plus

Ils lisent beaucoup mais surtout des contenus courts, réactifs et sociaux. Le défi n’est pas de lire, c’est de lire en profondeur.

Il suffit de vouloir

C’est faux. L’attention est contextuelle. Sans un design d’environnement, la volonté s’use.

Les réseaux rendent bêtes

Les réseaux peuvent favoriser la simplification paresseuse. Ils peuvent aussi diffuser de l’exigence. La variable décisive c’est l’architecture du temps et le panier de contenus.

Protocoles concrets pour réentraîner l’attention (et faire baisser l’anxiété)

Contrat d’attention de 28 jours (progressif, réaliste)

Semaine 1

  • 10 minutes par jour de lecture papier (ou liseuse sans notifications), même heure, même endroit. Objectif : continuité, pas performance.

Semaine 2

  • 15 à 20 minutes. Marque-page question. Avant de lire, notez ce que vous voulez comprendre. À la fin, écrivez deux phrases de synthèse.

Semaine 3

  • 25 à 30 minutes. Ajoutez 5 minutes de relecture lente d’un passage, crayon en main (surlignage minimal).

Semaine 4

  • 45 minutes, fractionnées en 30 + 15. Retirez le téléphone de la pièce.

Le but d’une telle démarche consiste à reconstruire la tolérance à la lenteur. L’anxiété diminue quand le sentiment d’auto-efficacité remonte.

Hygiène numérique sans ascétisme

Notifications par liste blanche

  • Conservez 2 à 3 applications estimées comme vitales, et coupez le reste.
  • Écran d’accueil monochrome : moins d’appel visuel.
  • Limites mécaniques : désactiver l’infinite scroll via les extensions, supprimer l’autoplay, et temps d’écran plafonné.
  • Règle 20/20 : pour 20 minutes en feed, 20 minutes de lecture longue (oui, c’est une taxe d’attention volontaire).

ituels communautaires

  • Clubs de lecture courts (45 minutes) avec un extrait plutôt qu’un livre entier : baisse du coût d’entrée.
  • Bibliothèques vivantes : invités qui racontent comment ils lisent (postures, outils, marges).
  • Défis publics dans l’entreprise : 2 créneaux deep work sans notifications (matin), une bibliothèque visible (physique) et une revue de synthèse mensuelle.

À l’école (et à la maison)

  • 10 minutes silencieuses quotidiennes de lecture libre dès le primaire (pacing régulier). PIRLS montre que la lecture plaisir est un prédicteur fort de compréhension ultérieure.
  • Marches d’escalier : textes gradués en difficulité pour récompenser la progression (pas le talent).
  • Co-lecture parent-enfant (même pièce, chacun son livre) : l’exemplarité bat les sermons.

Auto-thérapie brève pour l’auto-jugement

  • Quand la petite voix dit : « Tu n’y arrives pas » cela indut une réplique normalisante : « C’est un muscle, pas une morale. »
  • Restructuration : remplacez « Je suis nul » par « Je manque d’entraînement ».
  • Exposition graduée : commencez par des essais ou des récits courts, puis allongez vos lectures. L’important c’est la régularité, pas l’héroïsme.

Pourquoi cela vaut la peine (au-delà des livres)

La lecture longue augmente la mémoire de travail, nourrit la pensée contrefactuelle (imaginer d’autres issues), renforce l’empathie (se mettre à la place d’autrui). En clinique, nous observons souvent qu’un retour à des pratiques de profondeur — lecture, écriture, marche — réduit l’anxiété de fond. Non parce qu’elles « distraient », mais parce qu’elles reconstruisent un soi en continu : un flux d’attention qui ne saute pas toutes les six secondes.

Objection : « Je travaille en numérique, impossible de couper »

On ne vous demande pas de devenir amish. On vous propose une périodisation. Les athlètes n’éliminent pas la musculation parce qu’ils courent ; ils alternent. Vous pouvez très bien vivre connecté et sanctuariser 45 minutes/jour de profondeur. Vous êtes votre propre urbaniste : réaménagez le quartier.

L’écologie attentionnelle : vers une éthique collective

Au-delà des stratégies individuelles et des politiques publiques, émerge la nécessité d’une nouvelle éthique : l’écologie attentionnelle. De même que nous avons appris à penser en termes d’empreinte carbone, nous devons développer une conscience de notre « empreinte attentionnelle ».

Prendre soin de l’attention des autres

En famille

  • Modéliser la lecture plutôt que la prêcher.
  • Créer des rituels collectifs sans écrans (repas, promenades, jeux).
  • Respecter les temps de concentration des enfants.

Au travail

  • Éviter les mails non-urgents en soirée.
  • Structurer les réunions pour préserver l’attention collective.
  • Questionner l’utilité réelle de chaque notification envoyée.

En société

  • Considérer que capter l’attention d’autrui est un acte avec des conséquences
  • Privilégier la qualité à la quantité dans nos communications
  • Reconnaître l’attention comme un bien commun à préserver

Vers une économie attentionnelle soutenable

L’économie numérique actuelle repose sur l’extraction attentionnelle. Plus nous regardons, plus les plateformes gagnent. Ce modèle n’est ni soutenable ni souhaitable.

Des alternatives émergent :

  • Abonnements payants sans publicité ni optimisation addictive.
  • Réseaux sociaux coopératifs gouvernés par leurs utilisateur.
  • Outils numériques conçus pour l’efficacité, pas la captation.

L’avenir pourrait voir naître des labels attention certifiant que tel service respecte notre écologie mentale.

Reprendre la souveraineté attentionnelle

La perte de concentration n’est pas une déchéance personnelle.

C’est le résultat logique d’un environnement qui promeut l’immédiateté. Les réseaux ont une responsabilité : ils optimisent ce qu’ils mesurent : le temps passé, pas la profondeur gagnée.

À nous de ré-optimiser ce qui compte :

  • La continuité,
  • La nuance,
  • La lenteur féconde.

Attention cependant à ne pas en rester à l’injonction individuelle. La souveraineté attentionnelle ne peut être reconquise que par une approche globale.

Stratégies personnelles, oui, mais aussi politiques publiques, régulation des plateformes, et transformation des environnements sociaux et professionnels.

Reprendre la lecture, c’est rallumer un phare.

L’anxiété recule quand on voit plus loin que l’instant. Pour éclairer vraiment, cette lumière doit briller pour tous, et pas seulement pour ceux qui ont déjà les moyens de s’offrir l’obscurité du silence.

Vous n’avez pas perdu la lecture.

Elle s’est juste éloignée, comme un ami qu’on n’a pas vu depuis longtemps. Il suffit d’un rendez-vous régulier pour que la conversation revienne. La profondeur n’a rien d’élitiste, elle est vitale. Et l’anxiété, à défaut d’être vaincue, apprend à se taire pendant qu’on tourne les pages.

Mais pour que ce rendez-vous soit possible pour tous, il faut parfois déplacer les meubles de la société elle-même.

Important

Pour aller plus loin dans votre réflexion, Deeler.app vous accompagne avec des exercices personnalisés et un suivi de votre évolution.

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Ceci ne remplace pas un avis médical. En cas de nécessité, contactez les services d’urgence.

Questions fréquentes

Pourquoi ai-je plus de mal à lire longtemps aujourd’hui ?

Ce n’est pas un déficit de volonté : les plateformes sont conçues pour capter l’attention (scroll infini, lecture automatique, micro-récompenses), ce qui fragmente l’effort. L’attention est plastique et se réentraîne.

Est-ce uniquement un problème de motivation personnelle ?

Non. Sans aménagement de l’environnement (temps, lieu, notifications), la volonté s’épuise. Il faut des routines et des règles simples plutôt qu’un sursaut moral.

Le multitâche numérique nuit-il à la concentration ?

Oui. Passer sans cesse d’une tâche à l’autre dégrade le filtrage des distracteurs et la vitesse de commutation, ce qui pénalise la lecture soutenue.

Internet modifie-t-il l’attention et la mémoire de travail ?

Un usage fragmenté peut perturber l’attention soutenue et l’encodage en mémoire. Des usages intentionnels et structurés peuvent être neutres ou bénéfiques.

Les réseaux sociaux rendent-ils bêtes par nature ?

Le problème n’est pas le format court, mais l’architecture d’usage. Des formats courts exigeants peuvent ouvrir vers des lectures longues si on les relie à un parcours.

Y a-t-il un déclin mesurable de la compréhension écrite ?

Oui, plusieurs évaluations internationales récentes signalent une baisse, avec des variations selon les pays et les publics.

Pourquoi la perte de concentration génère-t-elle de l’anxiété ?

Parce qu’on l’interprète comme un échec personnel. Ce jugement nourrit l’évitement, qui affaiblit encore l’attention : c’est une boucle d’entretien de l’anxiété.

Comment réentraîner l’attention à lire ?

Par un protocole progressif (ex. 10 à 45 minutes sur 4 semaines), supports sans notifications, question de lecture notée avant et courte synthèse après chaque session.

Quelles trois actions concrètes commencer aujourd’hui ?

  • Lire 10 à 15 minutes à heure et lieu fixes.
  • Mettre en liste blanche 2 à 3 apps, désactiver autoplay et scroll infini. 3) Appliquer la règle 20/20 (autant de lecture longue que de feed).

Et si mon travail m’oblige à rester connecté ?

On vise la périodisation : blocs profonds sans notifications alternés avec des fenêtres connectées. La régularité prime sur l’héroïsme.

Qu’est-ce que l’écologie attentionnelle ?

Une éthique collective pour protéger le temps long (famille, école, travail, plateformes) et limiter la captation intrusive de l’attention.

Un outil comme deeler.app peut-il aider ?

Oui, s’il propose un recadrage non culpabilisant, des expositions graduées (petits défis de lecture avec auto-évaluation) et un focus sur les valeurs d’action, sans se substituer à un suivi médical.

Références

Remarque :

Ces sources offrent un socle solide. Les résultats peuvent varier par pays/âge, mais convergent sur un point : l’attention soutenue est entraînable. On peut donc dé-apprendre la dispersion, et ré-apprendre la lecture profonde.

Annexes pratiques

  • La pile 2–2–2 : 2 poches (récit + essai), 2 revues longues (papier), 2 anti-feeds (newsletters approfondies).
  • Le badge « 0 notifications » : une demi-journée par semaine sans notifications. Annoncez-le, responsabilisez votre entourage.
  • Le marque-page « pourquoi » : écrivez la question qui vous amène dans chaque livre. Lire, c’est chercher quelque chose, pas gravir un mur.
  • Le club social-lecture : dans les centres sociaux, médiathèques de quartier, associer découverte de livres et échange sur les conditions concrètes de lecture (où, quand, comment faire quand on a peu de place/temps/argent).
  • L’audit attentionnel familial : une fois par mois, chaque membre de la famille partage ce qui l’aide ou l’empêche de se concentrer. Sans jugement, avec solutions collectives.

Pourquoi l’Assemblée nationale semble remplie de ”bavards médiocres”, et ce que la glossophobie y change

Commençons par le design, pas par les personnes. L’hémicycle français met en scène la parole : « La parole est à Mme/M. le député… ».

Aux Questions au Gouvernement (QAG : format d’interpellation hebdomadaire en séance publique), le temps est calibré :

  • 2 minutes pour la question,
  • 2 minutes pour la réponse.

Avec le Temps législatif programmé (TLP : chronomètre partagé entre groupes parlementaires pour l’examen d’un texte), chaque groupe dispose d’un quota de minutes.

Les explications de vote individuelles sont limitées à 2 minutes.

Autrement dit, nous avons un dispositif pensé pour l’interpellation brève et télévisable, pas pour le raisonnement long et nuancé.

Dès lors, imaginez un concours national de plomberie en prime time où l’on élirait l’artisan de l’année à son sens de la formule plutôt qu’à l’absence de fuite. Notre tuyauterie démocratique prend l’eau quand l’art oratoire remplace l’art de faire des lois.

Ce que la procédure favorise… et ce qu’elle invisibilise

Un rituel pro-micro

Le TLP distribue le temps à l’interne.

La Conférence des présidents organise l’ordre du jour. Les caméras cherchent des moments forts. Mécaniquement, ceux qui sont déjà à l’aise au micro et bons clients pour les médias captent la tribune, accumulent des minutes, gagnent en influence… et reviennent à la tribune.

Ce n’est pas un complot : c’est une incitation.

Où se fabrique réellement le fond

Le travail de charpente se joue en commission :

  • Auditions,
  • Amendements,
  • Réécritures.

Depuis la révision de 2008, c’est le texte issu de la commission qui sert de base à la séance. L’hémicycle expose la vitrine, quand la charpente se construit ailleurs.

L’hémicycle est souvent un aquarium sonore : ceux qui tapent sur la vitre attirent l’œil, pendant que la pompe (les commissions) maintient le courant et la vie.

Un rituel qui récompense les sans-trac

Le Parlement n’est pas une scène libre.

Le temps législatif programmé (TLP) fixe à l’avance un capital de minutes par groupe pour un texte donné. La Conférence des présidents organise le temps des discussions générales.

Autrement dit, la parole se mérite à l’interne et se distribue politiquement.

Dans chaque groupe, les voix déjà en vue (ou les plus à l’aise) captent plus facilement le micro. Une fois le TLP enclenché, les explications individuelles de vote sont, elles aussi, bornées à 2 minutes. Tout pousse à faire court et sonore.

Le résultat est prévisible : les profils introspectifs ou anxieux – nombreux dans la population – s’autocensurent, ou s’exilent en commission.

La parole publique en séance devient le domaine des tempéraments extravertis (ou des plus entraînés aux médias), pas nécessairement des plus pertinents sur le fond. C’est un biais structurel.

La filière politique élimine les glossophobes (et ce n’est pas un hasard)

Étape 1 : la campagne – l’épreuve du feu oratoire

Réunions publiques, débats TV, porte-à-porte : si vous détestez parler devant une salle, vous ne candidatez pas.

La science politique et la psychologie convergent. Les individus plus extravertis sont davantage attirés par la carrière politique et y réussissent mieux sous l’angle de l’ambition déclarée et de la visibilité.

Des travaux récents documentent cet avantage de l’extraversion dans l’ambition et la sélection des candidats, dans différents contextes occidentaux.

Par ailleurs, la peur de parler en public est très fréquente. Des études cliniques et économiques l’estiment à un tiers de la population (voire plus selon les cohortes). Autant dire que des talents potentiels renoncent longtemps avant de franchir la porte d’un parti.

Étape 2 : la vie partisane – promotion par le micro

La montée dans l’appareil passe par les réunions, motions, conventions, médias. On repère ceux qui parlent bien, on les désigne porte-parole, on recycle leur exposition en capital politique.

La sociologie de la professionnalisation politique en France montre la consolidation d’un métier de député, où communication et mise en scène occupent une place croissante.

Étape 3 : la médiatisation ou être un bon client

Le format médiatique adore la courte phrase et la réplique.

Les QAG, télévisées et ritualisées, sont souvent décrites comme un spectacle démocratique, avec des codes de plateau plus que de colloque d’experts.

Des analyses récentes parlent même d’Assemblée spectacle, où montent le volume, les affects et les codes des réseaux sociaux. Plus vous tenez la scène, plus vous existez.

L’éloquence ne garantit pas la pertinence (et c’est tout le problème)

Un format qui préfère l’effet à l’argument

Dans les QAG, 2 minutes ne suffisent pas pour problématiser un dossier, citer les notes d’un organisme ou détailler un amendement. C’est un format d’interpellation, pas d’expertise.

Avec le TLP, le groupe optimise ses minutes et impose une discipline. On privilégie les voix qui marquent. Le texte voté en séance est, de surcroît, celui adopté par la commission : le nerf du fond est ailleurs, dans des lieux moins visibles, où l’on argumente, compare, réécrit.

L’improvisation permanente contre la préparation rigoureuse

Le rituel de l’hémicycle exige de réagir vite. Or la réactivité n’est pas la rigueur.

Le format pousse à la pointe rhétorique, à l’indignation, au trait d’esprit. Des observateurs ont documenté la dramatisation croissante des échanges, au détriment de l’argumentation cumulative. Le spectacle attire la caméra mais la preuve attire peu.

Les vrais experts restent invisibles (par choix rationnel)

L’aversion à la tribune éloigne des compétences

Des économistes, juristes, scientifiques au plus haut niveau savent qu’une carrière politique implique plateaux, estrades et expositions multiples. Beaucoup ne veulent pas de cette vie.

On connaît l’aversion économique à la prise de parole : elle influence les choix de carrière et l’auto-sélection hors des métiers publics exposés.

En santé mentale, les recherches montrent que l’anxiété sociale (dont la glossophobie est une variante) est prévalente, parfois très chez les jeunes adultes. Ce n’est donc pas surprenant si les meilleurs analystes préfèrent la note à la caméra.

Le sablier du débat favorise la formule, pas la nuance

En séance, les temps sont stricts.

ois En QAG, c’est 2 f2 minutes. Sous TLP, la durée globale est partagée par groupe.

Quand la nuance demande 6 minutes, on choisit une image de 6 secondes. C’est un système logistiquement efficace, mais épistémiquement fragile (théorie de la connaissance et aux questions liées à la justification, l’acquisition et la répartition des croyances et des connaissances.)

Il filtre mal la qualité du raisonnement.

Un système qui s’auto-entretient

La distribution interne des micros

Le TLP laisse aux groupes le soin d’organiser leurs prises de parole. La Conférence des présidents verrouille l’ordonnancement. Les mêmes profils – forte aisance orale, fort capital médiatique – reviennent à la tribune, accumulent visibilité et influence, ce qui renforce leur position interne.

Cercle vertueux pour eux, mais vicieux pour la diversité des styles.

La division du travail : les discrets font le fond

Le travail froid – auditions, rédaction d’amendements, compromis techniques — se joue en commission.

Huit commissions permanentes examinent les textes. L’hémicycle délibère ensuite sur le texte adopté par la commission. Les rapporteurs y tiennent un rôle essentiel, invisible pour le grand public et peu compatible avec la dramaturgie médiatique.

La professionnalisation de la politique

La littérature française a documenté la professionnalisation du métier de député et l’importance croissante des compétences de communication dans l’entretien d’une carrière parlementaire ne sont pas forcément synonymes de compétence substantielle.

C’est le paradoxe : parler fort peut cacher un fond faible.

Parfois, l’hémicycle est un aquarium sonore. Ceux qui savent battre la vitre attirent l’œil des visiteurs, tandis que, au fond de l’eau, les ingénieurs du courant, ajustent silencieusement les tuyaux.

L’aquarium fascine, la pompe fait le travail.

L’éloquence n’a t’elle pas construit des moments d’histoire ?

C’est vrai et personne ne conteste la beauté d’un grand discours.

Le paradoxe français est ailleurs. Les grands moments d’éloquence sont fréquemment le fait d’orateurs charismatiques qui ne furent pas toujours les décideurs les plus efficaces.

Or nos règles récentes accentuent ce paradoxe :

  • Temps réduit,
  • Dramatisation,
  • Sélection par l’aisance.

Autant d’éléments qui expliquent ou jsutifient la surreprésentation des bavards, et le sentiment de médiocrité quand l’effet oratoire remplace la qualité de l’argument.

Zoom clinique : qu’est-ce que la glossophobie ?

Définition claire (avec repères officiels)

La glossophobie est la peur de parler en public.

Elle n’apparaît pas comme diagnostic autonome dans les classifications ; elle s’inscrit le plus souvent dans le trouble d’anxiété sociale (phobie sociale), sous la forme dite de performance uniquement du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 5ᵉ édition (DSM-5) :

  • L’anxiété est limitée aux situations de performance (présentation orale, prise de parole). Il ne faut pas oublier que le DSM V est américain et que leur vision des choses ne collent pas nécessairement avec celle des européens.

Symptômes fréquents

  • Tremblements,
  • Sudation,
  • Accélération cardiaque,
  • Souffle court,
  • Bouche sèche,
  • Mains froides,
  • Sensation de tête vide,
  • et parfois, attaque de panique.

Rien de moralement culpabilisant puisque c’est une réaction physiologique normalisée par l’enjeu perçu.

Prévalence : ce que l’on peut dire sans fiction

Il n’existe pas de chiffre unique pour la glossophobie seule.

Les estimations 12 mois du trouble d’anxiété sociale varient selon les pays d’environ 2–3 % (Europe) à ~7 % (États-Unis).

La peur de parler en public (même sans trouble complet) figure, elle, parmi les peurs les plus répandues. Une part notable de la population déclare un inconfort élevé à l’oral.

Mais retenons ceci : dans un pays de dizaines de millions d’adultes, des millions de personnes sont concernées à des degrés significatifs.

Pourquoi notre société fabrique, entretient… puis sélectionne la parole facile

L’extraversion comme norme implicite

Dans l’école comme au travail, participer à l’oral est valorisé, noté, promu.

Les recherches en psychologie du leadership montrent que l’extraversion (tendance à s’exprimer, à occuper l’espace) est régulièrement associée à l’émergence de leaders.

Traduction : nous repérons d’abord ceux qui parlent fort, pas forcément ceux qui pensent juste.

Éducation : l’oral institutionnalisé

Le Grand oral du baccalauréat évalue la capacité à prendre la parole de façon claire et convaincante. C’est un progrès sur l’expression, et la preuve que l’aisance scénique devient un capital scolaire.

Ceux qui redoutent la scène apprennent tôt à s’auto-censurer.

Réseaux sociaux et culture de la performance

L’économie de l’attention récompense la punchline, l’émotion forte et le clivant.

Les responsables politiques apprennent vite que l’indignation courte se partage mieux qu’une démonstration graduelle. Le style performatif contamine le style parlementaire.

Conséquences démocratiques : que coûte ce filtre pro-bavards ?

Perte de talents (ordre de grandeur)

L’Assemblée compte 577 sièges. Si elle reflétait la population au hasard, en prenant l’éventail de 2 à 7 % évoqué ci-dessus, on attendrait entre une quinzaine et une quarantaine d’élus affectés par une anxiété sociale significative sur 12 mois, donc potentiellement freinés par l’exposition oratoire.

En réalité, la carrière politique filtre par l’oral bien avant la candidature. Beaucoup de profils experts ne se présentent jamais.

« On m’a proposé une investiture locale. J’ai décliné. Pas pour le fond : je travaille les sujets depuis quinze ans. Mais l’idée des meetings, des plateaux, des micros m’a glacé. Entre expliquer un budget en dix minutes et résumer en quinze secondes, je choisis mon métier. »

Économiste du secteur public, 42 ans (témoignage anonymisé)*

Biais de représentativité

Le TLP cadenasse le temps, les commissions gardent le fond, les caméras rétribuent l’effet. On surexpose des aptitudes scéniques et on sous-expose des compétences analytiques (économie, droit, science) pourtant cruciales pour la qualité des lois.

On perd du pluralisme cognitif.

« Dans mon groupe, on repère très vite qui « tient » la salle. J’ai appris les dossiers, je fais les auditions, mais au moment de la répartition du temps, ce sont toujours les mêmes qui montent au pupitre. Je n’ai pas peur de parler, j’ai peur de parler en deux minutes pour faire une punchline. »

Députée, commission permanente, 2ᵉ mandat (témoignage anonymisé)*

Biais de genre (utile à signaler)

Les femmes rapportent plus souvent des symptômes d’anxiété sociale. Combiné aux barrières d’accès aux positions visibles, cela peut créer une double peine : moins d’aisance inculquée et moins d’accès à la tribune.

Pourquoi l’Assemblée paraît « remplie de bavards… parfois médiocres »

La filière politique élimine les glossophobes

Campagnes (meetings, débats télévisés, porte-à-porte), vie partisane (congrès, motions, médias), QAG : tout récompense l’aisance scénique.

L’extraversion donne un avantage au casting, sans garantir la pertinence.

Les « grands moments d’éloquence » ≠ efficacité

La tradition française magnifie le discours mais la facilité d’expression peut masquer :

  • La pauvreté du fond,
  • L’improvisation chronique,
  • ou la recherche d’effet au détriment de l’efficacité législative.

Quand tout le monde crie, personne n’entend la meilleure idée.

Solutions : soigner l’angoisse et corriger les incitations

Côté personnes : techniques thérapeutiques éprouvées

« J’ai suivi un protocole simple pendant un mois : fiche unique « idée-message-action », trois « euh » assumés au début, simulation vidéo deux fois par semaine, et une prise de parole courte en réunion chaque mardi. Mon trac n’a pas disparu ; il a perdu le volant. Aujourd’hui, je parle utile, même quand ça serre. »

Député débutant, 1ᵉʳ mandat (témoignage anonymisé)*

Approche brève systémique de Palo Alto

Objectif

  • Repérer et casser les tentatives de solution qui entretiennent la peur (sur-préparation compulsive,
  • Réassurance « dis-moi que ça ira »,
  • Évitements,
  • Auto-surveillance (voix/rougeurs).

Prescriptions paradoxales

  • Se donner un quota de « ratés » (trois « euh » volontaires),
  • Pratiquer la minute imparfaite (commencer moyen, monter ensuite),
  • Insérer un slide volontairement vide pour forcer le contact visuel.

Micro-risques relationnels

  • Poser une question dès la première minute,
  • Demander un engagement concret au public (lever la main, répondre oui/non).

Thérapie cognitive et comportementale (TCC)

Cadre de référence recommandé pour l’anxiété sociale.

Expositions interoceptives

  • Provoquer les sensations redoutées (60 à 90 secondes d’hyperventilation douce, 30 secondes de cardio),
  • puis parler sans béquilles (pas d’eau doudou, pas de respiration magique).
  • Expositions situationnelles graduées : message vocal 60 s → stand-up d’équipe 90 s → « lightning talk » 3 min → questions/réponses.

Mesure

  • Intensité de 0 à 100 avant/pendant/après. Durées suffisantes pour voir la courbe descendre (on reste jusqu’à ce que ça baisse).

Thérapie d’Acceptation et d’Engagement (ACT)

Déplacer la cible

Agir au service de ses valeurs (utilité pour le public, clarté, intégrité) malgré l’inconfort, plutôt que soumettre l’émotion avant d’agir.

Exposition en réalité virtuelle (VR)

Simuler une salle, un jury, une caméra.

Intérêt

  • Scalable,
  • Répétable,
  • Mesurable,
  • et idéal pour préparer des prises de parole réelles.

Aide médicamenteuse ponctuelle (cas sélectionnés)

Des bêta-bloquants peuvent atténuer ponctuellement les symptômes somatiques (tremblements, cœur qui bat) lors d’une intervention unique. Décision médicale, pas d’automédication.

Côté institutions : aménagements ciblés (sans tuer le débat)

Conserver les QAG mais ajouter des séances thématiques longues (hors direct, ou en différé)

Offrir 10 à 12 minutes d’argumentation par orateur, avec contradiction experte (administrations, chercheurs). On récompense la démonstration autant que l’effet.

Quota intra-groupe pour « voix peu exposées »

Réserver un pourcentage du temps TLP à des députés moins visibles (tirage au sort si besoin). Publier des statistiques de diversité des orateurs (genre, ancienneté, commission).

Droit d’annexer une note parlée/écrite

Joindre au compte rendu une note (ou audio de 3 à 5 min) exposant le raisonnement complet. La charpente devient archivable et consultable.

Espace de simulation oratoire (plutôt que « studio VR »)

Installer un espace de simulation interne, avec scénarios calibrés (petit hémicycle, presse, réunion), vidéo-feedback et guides d’exposition. Accès volontaire pour députés et collaborateurs, sans stigmatisation.

Revaloriser publiquement les rapporteurs

Avant la séance, imposer une présentation de 5 minutes du raisonnement et des compromis du rapporteur, diffusée avec schémas et sources. On montre la charpente, pas seulement le vernis.

Indicateurs d’utilité législative

À côté du temps de parole, publier des indicateurs de fond : amendements adoptés, participation en commission, suivi d’application des lois. On déplace l’incitation des « micro-célébrités » vers les « micro-résultats ».

Mini-protocole 14 jours (adapté aux élus, porte-parole… et citoyens)

  • J1–J3 : cartographiez vos tentatives de solution (réassurance, évitements, sur-préparation). Retirez les béquilles : pas de script mot-à-mot ; 1 fiche « idée-message-action ».
  • J4–J6 : interoception / 60 à 90 secondes d’hyperventilation douce → parlez 2 min ensuite, sans compenser.
  • J7–J10 : simulation (salle vide, vidéo, VR) 5 à 7 min avec micro-risques (pause volontaire, 3 « euh » assumés, slide vide).
  • J11–J14 : prise de parole courte en vrai (réunion d’équipe, commission), mesurez intensité de 0 à 100 avant/pendant/après et restez jusqu’à la baisse.

Objectif : il ne s’agit pas d’éradiquer le trac, mais de parler utile – avec le trac – puisque c’est ainsi qu’il rétrécit.

Si l’Assemblée sonne parfois comme une volière de « bavards médiocres », c’est que nos règles (QAG, TLP, vitrine médiatique) sélectionnent et récompensent l’aisance et pas forcément la pertinence.

La solution n’est pas de blâmer les personnes mais de réparer la plomberie :

  • Côté personnes, soigner la glossophobie (Palo Alto, TCC, ACT, simulation).
  • Côté institutions, ajuster les formats et les incitations pour que la charpente redevienne visible.

Quand on répare le circuit, l’eau redevient claire. Les meilleurs orateurs restent, et les meilleurs analystes montent enfin sur scène.

Dépasser le stress de la performance en s’inspirant de l’approche de Palo Alto

La peur de parler en public (la glossophobie) n’est pas seulement un problème personnel, elle est aussi le résultat d’un système qui la favorise. 6 tentatives de solution sont mentionnées dans le présent article et démontrent qu’elles empirent la situation et les solutions institutionnelles pour y remédier.

Le cœur du problème réside dans un paradoxe : plus on veut être parfait, plus on échoue.

C’est justement sur ce paradoxe que se fonde l’approche de l’École de Palo Alto. Dans le même esprit que deeler.app, la solution n’est pas d’éliminer la peur, mais de casser les schémas qui l’entretiennent.

Important

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Pas d’idée précise ? Ouvrir Deeler

Ceci ne remplace pas un avis médical. En cas de nécessité, contactez les services d’urgence.

Glossaire (abréviations explicitées)

  • QAG : Questions au Gouvernement – Format d’interpellation en séance publique (questions brèves des députés, réponses brèves des ministres).
  • TLP : Temps législatif programmé – Chronomètre partagé entre groupes pour l’examen d’un texte en séance.
  • DSM-5 : Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 5ᵉ édition – Classification internationale de référence.
  • TCC : Thérapie cognitive et comportementale – Thérapie fondée sur les preuves, incluant expositions et exercices attentionnels.
  • ACT : Thérapie d’Acceptation et d’Engagement – Agir au service de ses valeurs malgré l’inconfort.
  • VR : Réalité virtuelle – Simulation oratoire immersive pour s’exposer de manière graduée.

Références

  • QAG 2’/2’ : Fiche de synthèse n°63, Assemblée nationale.
  • Temps législatif programmé (quotas par groupe. Explications de vote 2’) – Vie-publique – Fiches n°46 et n°40/
  • Rôle des commissions / texte issu de la commission : Fiches n°16 et n°49, Assemblée nationale.
  • DSM-5 : “performance only” (prise de parole/performance en public) : NCBI.
  • Prévalence TAS : NIMH (US 12 mois 7,1 %, vie entière 12,1 %). Cross-national – Stein et al., 2017 – Europe : Fehm et al., 2005.
  • Symptômes physiques (tremblements, sudation, tachycardie) : NHS / Inserm.
  • Extraversion & leadership (prime aux orateurs) : Judge et al., 2002 (métanalyse).
    Université de Baltimore
  • Réseaux sociaux : amplification de l’outrage/du clivant : Brady et al., 2021 – Rathje et al., 2021 – Schöne et al., 2023.
  • NICE – TAS (reco TCC/CT-SAD) / CG159 + résumé BMJ. Essai iCT-SAD.
  • VR-exposition (peur de parler) : Reeves 2021 (RCT 360°) – Lindner 2019/2021 – Kahlon 2023 – Revues 2024.
  • Bêta-bloquants (performance ponctuelle) – ADAA (revue pratique).

Qu’est-ce que Deeler ? Le co-pilote Palo Alto qui préfère les résultats aux rituels

Vous n’avez pas besoin d’un nouveau manuel du cerveau.

Vous avez besoin d’un levier qui vous aide à faire autre chose, là où le problème se fabrique dans :

C’est exactement la promesse de Deeler.app : un co-pilote d’action inspiré de l’approche systémique et stratégique de Palo Alto, conçu pour vous sortir du sable mouvant des bonnes intentions qui tournent en rond.

Pas de blabla magique, pas de promesses mystiques. Deeler est pragmatique, iconoclaste et orienté résultats.

Deeler, en vrai : ce que c’est (et ce que ça n’est pas)

Ce que c’est

Deeler est un assistant d’actions psychologiques. Il repère vos boucles problèmes issues de vos tentatives de solutions, et propose des expériences concrètes et mesurables, en plus de suivre votre progression.

En bref, c’est un outil de défocalisation. Moins de ruminationsPourquoi ça m’arrive ? »), plus de « Que puis-je tenter maintenant, différemment ? »

C’est un accélérateur entre les séances si vous êtes suivi par un pro. Vous testez dans la vraie vie, vous arrivez en séance avec des données et des retours précis, pas avec des impressions vagues.

Ce que ce n’est pas

Ce n’est pas un diagnostic médical ni un psy de poche qui remplacerait un humain.

Ce n’est pas non plus un distributeur de réassurancetout va bien, respire »), ni un coach de motivation qui applaudit à chaque pas. Deeler bouscule gentiment, parce que c’est comme ça que l’on sort du piège des tentatives de solution.

Comment Deeler applique Palo Alto (sans ésotérisme)

L’école de Palo Alto (Watzlawick, Bateson, etc.) part d’un angle simple et redoutablement efficace : le problème persiste parce que nous insistons, souvent sans le voir, avec des solutions qui entretiennent le problème (contrôle, évitement, réassurance, sur-explication…).

Dès lors, Deeler traduit ça en 6 mécanismes opérationnels.

Cartographier vos tentatives de solution

L’IA vous aide à repérer vos réflexes :

  • « Je vérifie encore »,
  • « J’évite »,
  • « Je me rassure »,
  • « Je me promets de tout contrôler ».

De fait, nommer c’est dégonfler.

Prescriptions stratégiques

Plutôt que d’interdire vos rituels (ce qui les renforce), Deeler propose des expériences ciblées :

  • Rendez-vous avec l’angoisse (10 min à heure fixe) pour ôter l’effet surprise.
  • Expositions interoceptives (provoquer sensations : tête légère, chaleur) pour désensibiliser.
  • Micro-risques relationnels (poser une question en réunion, dire non – clairement -) pour reconfigurer l’écosystème.

Recadrages et paradoxes

Le but n’est pas de ne plus jamais ressentir le problème, mais de devenir libre d’agir même quand celui-ci pointe le bout de son nez. En cessant la guerre au symptôme, vous retirez l’oxygène qui l’alimente.

Boucles courtes, feedback mesurable

Chaque tâche a une durée, une intensité perçue, et nécessite des répétitions et des ajustements. Vous voyez la courbe se déplacer. Le cerveau apprend grâce à des données, pas à des sermons.

Défocalisation active

L’attention est un projecteur. Deeler évite les auto-scanner compulsifs (se tester 30 fois/jour) et oriente vers des tâches absorbantes et expositions sans béquilles.

Systémique, pas égocentrique

On travaille les interactions. Comment…

  • Votre entourage,
  • Votre agenda,
  • Vos outils numériques

…alimentent le problème, et comment les ré-architecturer.

Thérapie classique versus Deeler : la différence d’angle

Interpréter versus expérimenter

Beaucoup de suivis s’attardent sur le « pourquoi ». Deeler pousse le « comment » :

  • Test,
  • Mesure,
  • Ajustement.

Pas parce que les causes n’existent pas, mais parce que la sortie se joue dans ce que vous faites maintenant.

Hebdomadaire versus quotidien

Une heure par semaine c’est bien, mais des micro-tests quotidiens c’est mieux. Deeler se charge de remplir l’intervalle.

Réassurer versus désensibiliser

La réassurance soulage, mais maintient la croyance du « je ne peux pas ». Deeler réduit la réassurance et augmente l’exposition contrôlée.

Passif versus actif

Vous ne parlez pas du problème ad vitam eternam. Vous jouez de nouveaux coups sur l’échiquier de votre vie.

Moralité

Deeler n’oppose pas la thérapie humaine. Il l’outille. Il met du carburant comportemental dans ce que vous comprenez déjà intellectuellement.

Cas d’usage concrets où Deeler excelle

Attaques de panique et déréalisation

  • Semaine 1 : stop aux auto-tests (« est-ce que tout ça est vrai »). Journal ultra-léger (sommeil, caféine, moments-pics).
  • Semaine 2 : expositions interoceptives (1 à 2 min d’hyperventilation cadrée, tourner sur soi, eau froide) avec temps de récupération sans béquilles (eau, médicament, etc.).
  • Semaine 3 : aller dans une supérette ou une grande surface, ou prendre les transports. Le tout pour une durée suffisante pour voir la courbe descendre.

Résultat visé : peur de la peur en baisse et retour d’une présence fonctionnelle.

Anxiété sociale (réunions, prise de parole)

  • Inventaire des évènements évités.
  • Micro-risques gradués : poser 1 question ouverte, reformuler une idée, donner un bref feedback.
  • Travail sur l’attention : passer du moi-observé au but de l’interaction.

Ruminations et procrastination

  • Remplacer « penser pour se rassurer » par des créneaux d’action Bornés (Pomodoro + livrable clair).
  • Rendez-vous avec l’inquiétude (10 min par jour, à heure fixe) pour éviter la perfusion cognitive toute la journée.
  • Définition d’actions minimales (MVP quotidien) : le cerveau apprend que faire n’est pas un danger.

Phobies ciblées (ascenseurs, voiture, avion)

  • Échelle d’expositions réalistes, répétées assez longtemps, sans échappatoire déguisé (musique, lunettes de soleil « armure »).
  • Mesure d’intensité de 0 à 100, temps, répétitions, progrès. La courbe descend si l’on reste.

Stress pro / burn-in

  • Re-architecture de l’agenda : 2 blocs deep work  par semaine, fenêtres de lumière du jour, seuils pas d’e-mails.
  • Expériences relationnelles : dire « je reviens vers toi à 16 h », et/ou demander une clarification de critère au lieu d’accepter une urgence floue.

Sommeil compliqué par l’anxiété

  • Pas de croisade du dormir parfait. Rituel court constant, gestion de la caféine, des écrans, et lever à heure fixe.
  • Si réveil : protocole en 3 pas : 1) se lever – 2) tâche ennuyeuse – 3) retour au lit si somnolence (stop aux combats dans le lit).

Mode d’emploi : comment on s’y met (sans s’épuiser)

Point de départ

Vous entrez votre objectif comportemental

  • Faire ses courses sans détour,
  • Prendre la parole 1 fois par semaine,
  • Réduire ses mises à l’épreuve (auto-tests).

Cartographie

Deeler identifie tentatives de solution et contextes déclencheurs.

  • Plan sur 4 à 6 semaines
  • Menu d’expériences hebdomadaires, graduées, sans perfectionnisme.

Mesure & ajustements

Chaque expérience doit avoir :

  • Une durée,
  • Une intensité,
  • et faire l’objet de répétitions.

La donnée guide les prochains pas.

Rituels anti-rituels

  • Limiter la réassurance, programmer l’inconfort (paradoxe), tester sans béquilles.
  • Premium (quand vous voulez muscler le dispositif) : analyse de documents (par exemple, un mail qui vous angoisse → Deeler vous aide à formuler une réponse courte, testable).
  • Micro-fiches d’expositions prêtes à l’emploi.
  • Suivi avancé (tableau de progression, jalons, consolidation).

Limites, garde-fous et complémentarité avec un suivi humain

Quand Deeler n’est pas l’outil principal

  • Idées suicidaires,
  • Psychose,
  • Dépendances actives non stabilisées,
  • Traumas récents avec symptômes envahissants.

Priorité est donnée à un suivi humain qualifié (consultation urgente si nécessaire) comme pour les troubles sévères qui nécessitent diagnostic et choix thérapeutique médical (médicaments, coordination de soins).

La vraie vie : la combinaison gagnante

Un thérapeute qui pratique la TCC, l’ACT, Palo Alto et Deeler, c’est le turbo assuré.

Entre deux séances, vous testez, vous documentez, vous arrivez avec des faits. Le suivi humain recadre et personnalise encore mieux.

Pourquoi ça marche (quand ça marche)

  • Extinction : rester dans l’inconfort sans rituels induit une baisse graduelle de la boucle peur-évitement.
  • Auto-efficacité : voir noir sur blanc qu’on réussit de petits coups change la croyance du « je ne peux pas ».
  • Défocalisation : l’attention libérée quitte le scanner interne pour l’action.
  • Systémique : changer un micro-comportement relationnel modifie la réponse de l’environnement (et inversement).
  • Paradoxe : autoriser l’inconfort planifié réduit son empire (on arrête d’alimenter le monstre avec des tentatives de contrôle).

Objections fréquentes (et réponses franches)

« Est-ce que Deeler me remplace mon psy ? »

Non, Deeler n’est pas une thérapie. C’est un amplificateur d’actions. Si vous avez un suivi, vous irez plus vite. Si vous n’en avez pas, vous aurez déjà des victoires concrètes.

« Et si je rechute ? »

Bienvenue dans la condition humaine.

Deeler garde un module de consolidation. On rouvre l’échelle d’expositions, on reprogramme des micro-risques, on analyse ce qui a fait levier (manque de sommeil, surcharge, évitement revenu en douce).

« Je n’ai pas le temps »

Deeler est conçu pour des tâches de 3 à 15 minutes, imbriquées dans votre vraie journée. Pas de marathons.

« Je veux comprendre “pourquoi” avant d’agir »

On peut chercher indéfiniment. Les preuves arrivent en agissant. Vos données sont votre explication la plus honnête.

Mini-protocole 14 jours (exemple “anxiété + déréalisation”)

  • J1–J3 : arrêter les auto-tests. Trois marches de 10 min sans casque ni lunettes (les armures). Noter seulement intensité (de 0 à 10).
  • J4–J6 : expositions interoceptives (60 à 90 secondes d’hyperventilation cadrée + 2 min d’observation sans béquilles).
  • J7–J9 : supérette pendant 10 à 15 min, et y rester jusqu’à descente de 2 points.
  • J10–J12 : carrefour animé pendant 10 min, et micro-risque social (demander un renseignement).
  • J13–J14 : consolidation (revenir 2 fois sur la situation la plus dure). Zéro réassurance, zéro échappatoire.

Objectif : ne pas sentir 0 %, mais revivre normalement malgré le problème. Paradoxalement, c’est à ce moment là qu’il rétrécit.

Éthique, données, et bon sens

  • Vous gardez la main. Vous choisissez les expériences, et vous arrêtez si cela dépasse vos seuils critiques.
  • Pas de promesse miracle : on vise le fonctionnel (reprendre la main sur votre agenda, vos interactions, vos projets).
  • Cherchez de l’aide si le terrain s’alourdit (dépression sévère, idées noires, conduites à risque).

En bref (et sans poudre aux yeux)

Deeler est un co-pilote d’actions qui applique Palo Alto. Cela signifie moins de contrôle, et plus d’expériences stratégiques.

  • Différence clé : on mesure ce que l’on teste, on ajuste ce qui marche.
  • Cas d’usage : panique, déréalisation, anxiété sociale, ruminations, phobies, stress – pro ou perso -, sommeil.
  • Limites : pas un médecin, pas un psy. C’est un complément puissant au suivi humain.
  • Résultat visé : vivre à nouveau, pas gagner un concours de perfection interne.

Envie d’essayer sans vous perdre dans les théories ?

Rejoignez Deeler, co-pilote IA inspiré Palo Alto :

  • plan d’actions,
  • Exercices pratiques,
  • Micro-risques,
  • Consolidation et…
  • Essai gratuit sur deeler.app.

Si vous êtes déjà suivi, amenez vos données à votre thérapeute. Vous gagnerez des semaines voire des mois.

Post-scriptum iconoclaste

On ne chasse pas le brouillard en lui faisant la morale.

On allume les phares, on avance, et on regarde la route et non sa propre peur dans le rétroviseur.

Deeler, c’est ce tableau de bord qui s’allume quand il faut, qui vous propose le prochain virage et mesure la distance parcourue. Le reste, c’est votre vie qui recommence.

Supervision & signaux d’alerte : quand Deeler devient le problème

Les signaux de dépendance à l’outil

  • Consultation compulsive : ouvrir Deeler 20+ fois/jour pour se rassurer.
  • Paralysie décisionnelle : « Je ne peux rien faire sans demander à Deeler« .
  • Substitution : utiliser l’IA pour éviter interactions humaines réelles.
  • Escalade : demander des protocoles de plus en plus complexes.

Évitement du suivi professionnel

Phrases typiques qui alertent :

  • « Deeler me comprend mieux qu’un psy »
  • « Pourquoi payer un thérapeute si j’ai ça ? »
  • « Les humains jugent, pas l’IA »

Garde-fous intégrés

  • Limitation d’usage : Deeler suggère des pauses si une utilisation excessive est détectée.
  • Orientation automatique : L’IA identifie les cas nécessitant supervision humaine et le verbalise clairement.
  • Rappels systémiques : « Un outil ne remplace jamais un regard externe qualifié« .

Quand déclencher l’alerte

  • Symptômes qui s’aggravent malgré l’usage.
  • Isolement social croissant.
  • Ritualisation de l’utilisation de Deeler.
  • Refus catégorique d’envisager un suivi humain.

Protocole de sevrage progressif

Si une dépendance est suspectée, il y a :

  • Réduction graduelle,
  • Retour vers des  interactions humaines,
  • et consultation recommandée.

Le principe

Deeler doit vous rendre autonome, pas dépendant.
Si l’outil devient une béquille, il reproduit le problème qu’il était censé résoudre.

Important

Pour aller plus loin dans votre réflexion, Deeler.app vous accompagne avec des exercices personnalisés et un suivi de votre évolution.

Posez votre question et obtenez une réponse immédiate.

Pas d’idée précise ? Ouvrir Deeler

Ceci ne remplace pas un avis médical. En cas de nécessité, contactez les services d’urgence.

Déréalisation : Quand le monde devient décor (et pourquoi ce n’est pas de la folie)

Imaginez : vous marchez dans une rue familière et, soudain, tout paraît plat, lointain, comme vu derrière une vitre ou un casque VR mal réglé.

Les sons semblent feutrés, les couleurs délavées, votre propre voix étrangère. Vous êtes là, et pourtant à côté. Bienvenue dans la déréalisation souvent jumelle de la dépersonnalisation (sentiment d’être irréel.le, détaché.e de soi).

C’est iconoclaste mais vrai : ce n’est pas un signe de psychose.

Le plus souvent, c’est un phénomène dissociatif lié à l’anxiété et au stress, parfois au cœur d’une attaque de panique. Le cerveau, sous alarme, coupe le volume des émotions et débraye la présence pour ne pas se faire emporter.

Comme un disjoncteur : désagréable, mais protecteur.

Déréalisation vs. dépersonnalisation : bien distinguer sans dramatiser

Deux expériences cousines

  • Déréalisation : le monde paraît irréel (décor en carton, sentiment d’étrangeté, comme si on regardait un film).
  • Dépersonnalisation : le soi paraît irréel (robotisé, anesthésié, et corps en pilotage automatique).

Ce que ce n’est pas

Ce n’est pas une perte de contact avec la réalité : l’insight est préservé (« je sais que c’est bizarre, mais je sais que c’est réel »).

Ce n’est pas un déficit intellectuel : on peut raisonner, travailler, et conduire tout en se sentant déconnecté.

Quand ça survient

  • Panique/anxiété aiguë (hyperventilation, montée de cortisol),
  • Stress chronique, manque de sommeil,
  • Substances : cannabis, hallucinogènes, stimulants (déclencheur fréquent),
  • Migraines, douleurs, post-viral (y compris post-infectieux),
  • Traumatismes (la dissociation est alors un réflexe de protection).

Le mécanisme (version claire, pas ésotérique)

Le coupe-circuit émotionnel

Une partie du cortex frontal peut inhiber des circuits émotionnels (amygdale, insula) pour éviter le débordement.

Résultat

  • Émotions en sourdine,
  • Sentiment d’irréalité.

Des modèles neurocognitifs décrivent ce désaccordage. Trop de contrôle en haut, pas assez de signal en bas.

La part de la respiration

En panique, on hyperventile souvent d’où les problème suivants :

  • Baisse du CO₂,
  • Fourmillements,
  • Tête légère,
  • Vision irréelle.

C’est physiologique. Ce que le cerveau interprète comme un danger n’est qu’une chimie respiratoire extrêmement désagréable, mais pas dangereuse.

Pourquoi l’anxiété l’entretient

Les boucles anxiété

  • Scan du soi,
  • Méfiance et hypervigilance liées aux sensations…

renforcent le phénomène et aggravent l’anxiété.

S’observer en permanence (« est-ce que je me sens réel ? ») auto-alimente la sensation d’irréalité. C’est un paradoxe : plus on vérifie, moins on se sent là.

Ce que dit la recherche dit (sans jargon inutile)

Prévalence & contexte

Des épisodes brefs de déréalisation/dépersonnalisation : fréquents dans la population générale (expérience transitoire au moins une fois dans la vie).

Le trouble persistant (dépersonnalisation/déréalisation) reste rare (ordre de grandeur autour de 1 %), mais les symptômes apparaissent très souvent dans les troubles anxieux, notamment en cas d’attaques de panique et d’anxiété sociale.

Voici ce qui participe à entretenir le problème :

  • Stress chronique,
  • Ruminations, hypercontrôle,
  • Manque de sommeil,
  • Usage de substances psychoactives.

Corrélations neurologiques

Des travaux d’imagerie suggèrent les éléméents suivants en matière neurologique :

  • Hyper-contrôle préfrontal,
  • Hypo-réactivité limbique,
  • Modifications de l’insula (intéroception/évaluation de l’activité physiologique) et du réseau du soi.

Traduction pour la vraie vie : vous sentez moins, vous analysez plus et cela décolle du présent.

Bonnes nouvelles

Il existe diverses approches thérapeutiques pour vaincre la déréalisation :

  • Les thérapies comportementales (exposition interoceptive/émotionnelle) (10 résultats sur 17 en 2 à 3 ans).
  • L’ACT (agir au service de ses valeurs malgré l’inconfort) (résultats sensiblement identiques à ceux de la thérapie congitive et comportementale).
  • L’approche systémique (école de Palo Alto : casser les tentatives de solution qui entretiennent le problème) ont des effets documentés puisqu’il est notoire que cette approche résout 16 cas sur 17 en 3 à 6 mois.
  • Côté médicaments, le traitement vise surtout l’anxiété/depression associée (ISRS/HAS/NICE). Des essais sur la lamotrigine ou les antagonistes opioïdes existent pour des cas réfractaires, avec résultats mitigés (mieux vaut éviter l’auto médicatin et en discuter avec un psychiatre).

Pourquoi ça vous angoisse autant (et comment sortir du piège)

L’iconoclaste en une phrase

La déréalisation n’est pas le problème. Le problème, c’est l’alarme et cette la bataille que vous livrez contre cette dernière :

  • Contrôles,
  • Auto-surveillance,
  • Évitements, réassurances.

Les 6 « tentatives de solution » qui aggravent la déréalisation

  • Se tester 50 fois/jour (« Est-ce que je me sens réel ? »).
  • Éviter les lieux où les situations où le problème survient (supermarché, transports, open-space).
  • Respirer à la perfection (micromanager sa respiration en permanence).
  • Chercher un ressenti idéal (« je veux me sentir 100 % normal maintenant »).
  • Rassurance constante auprès des proches (« tu me vois normal ? »).
  • Surconsommation de contenus anxiogènes (forums, vidéos « DP/DR » catastrophistes).

Tout cela soulage à court terme et aggrave à long terme. La sortie passe par :

  • Une exposition graduée (plutôt mentale que physique),
  • L’acceptation active,
  • La défocalisation et la reconstruction de la présence dans l’action.

Protocole pratico-pratique (4 à 6 semaines) : revenir dans le corps, revenir dans le monde

Pensez à votre système nerveux comme à un détecteur de fumée trop sensible. On ne le jette pas, on le recalibre.

Semaine 1 : Cartographier & cesser la guerre totale

  • Journal simple (matin/soir) : sommeil, caféine/alcool/cannabis, stress, moments de déréalisation (quand, durée, intensité entre 0 et 10).
  • Règle d’or : on arrête les tests (« est-ce que je me sens réel ? »). Remplacez par « que puis-je FAIRE maintenant ? ».
  • Hygiène neutre : réguler sommeil à heure fixe, manger, marcher 20–30 min/j.
  • Pas de chasse aux sensations.

Semaine 2 : Expositions interoceptives (sensations)

Objectif : désensibiliser aux sensations qui déclenchent l’irréel (tête légère, brouillard).

  • 3 à 4 fois/semaine, volontairement.
  • Hyperventilation 60 – 90 s.
  • Tourner 30 à 45 s.
  • Sauter 1 à 2 min.
  • Eau glacée sur le visage pendant 15 à 30 secondes.
  • Rester sur place 2 à 3 min après, sans compenser (pas d’eau sécurité, pas de respirations magiques).
  • Noter la baisse naturelle entre 0 et 10.

Semaine 3 : Expositions situationnelles (lieux/flux)

  • Hiérarchie de 6 à 8 situations (du plus facile au plus difficile) : petite supérette → supermarché → galerie marchande, rue calme → carrefour animé : 5 min → 20 min, etc.
  • Rester assez longtemps pour que la courbe d’inconfort descende. 2 à 4 répétitions chacune, jours différents.
  • Interdiction des béquilles (lunettes de soleil pour anesthésier, musique pour s’échapper, appels de rassurance en direct).
  • Semaine 4 : défocalisation & présence active.
  • Tâche d’absorption : cuisiner sans podcast, lire à voix haute 5 à 10 min, jouer un morceau de musique, bricoler. Tout ce qui occupe les mains et donne des feedbacks sensoriels.
  • ACT (acceptation/engagement) : 1 micro-action par jour au service d’une valeur (amitié, forme, créativité), même si l’irréel est là. On apprend au cerveau : « l’inconfort ne réprésente pas un danger ».

Semaine 5 à 6 : Consolidation & micro-risques

  • Retour volontaire dans les anciennes situations problématiques (2/sem).
  • Micro-risques sociaux (parler à un commerçant, poser une question en réunion).
  • Jalonner : noter 3 preuves/semaine que « j’ai fait X avec l’irréel, et c’est passé ».

À tout moment : grounding sans en faire une béquille

Le grounding consiste en « une mise à la terre ». Il faut donc procéder comme suit : 5-4-3-2-1 (5 choses vues, 4 touchées, 3 entendues, 2 senties, 1 goûtée).

Il faut agir ainsi après une exposition ou lors d’un pic, mais pas avant ni pendant pour éviter d’en faire un rituel d’évitement déguisé.

Effets de bord, distinctions utiles et signaux d’alerte

Distinguer de la psychose

Déréalisation/dépersonnalisation : insight présent (vous savez que quelque chose cloche dans la sensation, pas dans la réalité).

En cas de perte de réalité (convictions délirantes, hallucinations impérieuses), consultation urgente.

Substances & somatique

  • Cannabis : déclencheur majeur d’épisodes persistants chez des sujets vulnérables. Un sevrage est souvent indispensable.
  • Migraines, post-infectieux, TSH, B12/folates. Un bilan médical peut être pertinent selon le contexte clinique.
  • Sommeil : priorité absolue (insomnie → déréalisation plus fréquente).

Quand demander de l’aide rapidement

  • Idées suicidaires,
  • Effondrement fonctionnel,
  • Alcool/benzodiazépines en auto-traitement,
  • Comorbidités sévères (dépression majeure, TDAH non compensé).

Il faut alors se mettre en quête d’un.e professionnel.le qui travaille l’exposition (interoceptive/situationnelle), l’ACT et les stratégies systémiques (Palo Alto).

Vie quotidienne : ré-architecturer l’environnement (pas la volonté)

Quatre leviers concrets

  • Rythme : lever/coucher réguliers. 2 créneaux focus sans écran.
  • Corps : activité aérobie 3×/sem (20–30 min) + contrastes sensoriels (froid/chaud, textures) pour épaissir la présence.
    • Alimentation & stimulants : modérer caféine, diminuer la consommation d’alcool (rebond anxieux). Si des symptômes sont présents, il faut bannir le cannabis.
  • Relations : annoncer calmement « je peux paraître absent, je m’entraîne », et baisser l’exigence que tout paraisse normal aux yeux des autres.

Au travail

  • Bloquer 2 réunions/sem pour du deep work (30 à 60 min).
  • Sortir 10 min à la lumière du jour.
  • Micro-expositions sociales (poser une question, reformuler, oser ne pas se surveiller avec excès).

Ce que font – et ne font pas – les thérapies

TCC & exposition

  • Cœur du traitement : apprentissages correcteurs par exposition assez longue sans rituels.
  • Interoceptive (provoquer sensations), situationnelle (lieux/flux), émotionnelle (tolérer vide/peur).
  • Mesure simple : intensité (0 à 10), durée, répétitions.

ACT

  • Défusion (les pensées ne sont pas des ordres), ouverture à l’inconfort, actions guidées par les valeurs.
  • But : élargir la vie même si le ressenti n’est pas parfait.

Approche brève systémique (Palo Alto)

  • Repérer les tentatives de solution qui entretiennent (contrôle, vérification, rassurance).
  • Prescriptions paradoxales (ex. « rendez-vous avec l’irréel 10 min à 18h »), recadrages stratégiques, expériences dans l’écosystème relationnel.

Médicaments

  • Traiter l’anxiété et/ou la dépression associées peut abaisser le volume pour travailler plus efficacement.
  • Choix ou ajustement médical (ISRS/IRSNa en 1re ligne selon les guides. D’autres molécules sont à envisager au cas par cas).
  • Aucun médicament ne remplace l’exposition et la rééducation attentionnelle.

Europe & monde : où en est-on ?

Royaume-Uni / Pays nordiques / Canada

Guides publics pro-TCC/ACT, services type NHS Talking Therapies. Accès à des programmes guidés (dont versions en ligne) pour des problèmes de panique, d’anxiété où de dissociation (DP/DR).

France & Europe continentale

Recos HAS/NICE pour attaques de panique/anxiété (exposition, TCC) applicables aux tableaux avec déréalisation.

Littérature française et européenne active sur mesures (Cambridge Depersonalization Scale), neuro et protocoles combinés (psychoéducation + expo + ACT).

« Je veux me sentir comme avant » : la promesse honnête

  • Objectif réaliste : retrouver une présence suffisante pour revivre normalement, y compris pendant qu’un fond d’irréel passe parfois.
  • Paradoxe décisif : plus vous exigez 0 % d’irréel, plus vous l’alimentez. Plus vous faites de la place à un peu d’étrangeté en continuant à vivre, plus elle décroît.

On ne chasse pas l’ombre en lui courant après ; on allume la pièce et on agit.

En bref : le plan anti-fantômes

  • Nommer sans dramatiser (« dissociation anxieuse »).
  • Arrêter de se tester, commencer à agir.
  • Exposer sensations & situations, assez longtemps, sans béquilles.
  • Agir selon vos valeurs, même avec l’irréel en passager.
  • Consolider : revenir, varier, répéter.
  • Traiter le terrain (sommeil, stimulants, stress, comorbidités).
  • Demander de l’aide si besoin : TCC/ACT/Palo Alto (meilleurs résultats).

La déréalisation, c’est le brouillard.

On n’attend pas le grand soleil pour prendre la route : on met les phares, on réduit un peu la vitesse, et on continue sa route.

Très souvent, le ciel s’éclaircit pendant qu’on avance.

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Ceci ne remplace pas un avis médical. En cas de nécessité, contactez les services d’urgence.

Références utiles

  • DSM-5-TR — Dépersonnalisation/déréalisation : critères et différenciation avec psychose.
  • Hunter EC, Sierra M, David AS. The epidemiology and clinical features of depersonalization disorder (revues et méta-analyses ; Social Psychiatry & Psychiatric Epidemiology ; CNS Drugs).
  • Sierra M, Berrios GE. The Cambridge Depersonalization Scale (CDS) : mesure clinique.
  • Sierra M, David AS. Modèle neurocognitif : inhibition limbique par contrôle préfrontal (revues).
  • Carpenter JK et al. / Hofmann SG et al. Méta-analyses TCC/anxiété : robustesse de l’exposition.
  • A-Tjak JGL et al., Twohig MP & Levin ME. Méta-analyses ACT (anxiété/dépression).
  • NICE (UK) & NHS Talking Therapies : guides anxiété/panique (exposition, programmes numériques guidés).
  • HAS (France) : prise en charge des troubles anxieux (référentiels cliniques).
  • Medford N., Sierra M., et al. Imagerie (insula, réseau du soi) dans DP/DR.
  • Essais pharmacologiques (lamotrigine, naltrexone) : résultats variables, usage spécialisé uniquement.

Ces contenus ne remplacent pas un avis médical. En cas d’urgence psychique (idées suicidaires, mise en danger), contactez immédiatement les services d’urgence de votre pays.