Vous croyez souffrir d’un trouble obsessionnel compulsif. Vous pensez que ces pensées qui vous assaillent, ces rituels qui vous étouffent, sont les signes d’un dysfonctionnement cérébral, d’une maladie mentale.
Vous vous battez contre ces obsessions qui vous poussent à vérifier dix fois que la porte est fermée, à vous laver les mains jusqu’à l’irritation, à ranger tout par ordre parfait.
Vous êtes comme Marc, que j’ai rencontré il y a quelques années. Chaque soir, il passait une heure à éteindre et rallumer les interrupteurs dans un ordre précis, persuadé que si un seul n’était pas actionné correctement, sa famille serait en danger.
Un rituel insensé, qu’il savait absurde, mais dont il ne pouvait se défaire. Son combat, c’était de résister, de se raisonner, de se forcer à ne pas recommencer.
C’était un combat perdu d’avance, qui ne faisait qu’amplifier le problème.
Ce qui vous piège
Vous êtes convaincu.e que pour vous en sortir, vous devez lutter contre vos symptômes.
On vous a sûrement dit de résister à la compulsion, d’ignorer la pensée intrusive. C’est l’erreur la plus fondamentale :
- L’obsession est une pensée.
- La compulsion est une action.
En vous concentrant sur la bataille, vous donnez une importance démesurée à ce que votre esprit vous dit. Vous envoyez un message clair à votre cerveau : « Cette pensée est dangereuse, je dois la contrôler à tout prix« .
Or, plus vous essayez de chasser une pensée, plus elle revient avec force. On vous dit d’arrêter de penser à un éléphant rose… et tout ce que vous voyez, c’est un éléphant rose. Votre combat n’est pas une solution, c’est une provocation.
La deuxième erreur est de croire que les TOC sont une maladie mentale qu’il faut soigner avec des médicaments ou une thérapie longue. Le TOC n’est pas une fatalité.
Le considérer comme une maladie dont vous êtes la victime vous met dans une position passive. Vous attendez une solution qui viendra de l’extérieur, d’une molécule ou d’un thérapeute qui fouillera votre passé.
Cette approche, souvent longue et inefficace, ignore la mécanique du problème. Le véritable problème n’est pas la pensée, mais la manière dont vous interagissez avec elle.
Les anxiolytiques, s’ils apaisent sur l’instant, confirment que vous êtes incapable de gérer la situation seul. Ils ne font que masquer le problème sans jamais le désamorcer.
La troisième erreur est de penser qu’il faut trouver la cause profonde de vos TOC.
Vous cherchez un traumatisme, un événement déclencheur. On vous fait fouiller dans votre enfance, dans votre relation avec vos parents.
Dans l’approche systémique, la cause n’a que peu d’importance. Ce qui compte, c’est le « comment » le problème se maintient au présent. Ce n’est pas l’étincelle qui a démarré l’incendie qui est le problème, mais l’essence que vous continuez de verser dessus.
C’est l’illusion du contrôle, qui vous enferme dans un piège logique, similaire à un collet chinois pour les doigts : plus vous tirez fort pour vous libérer, plus il se resserre.
La mécanique du piège systémique
Les TOC ne sont pas une maladie, ce sont une stratégie qui a échoué.
Imaginez une simple pensée intrusive : « Et si j’avais laissé le gaz ouvert ? » Une pensée que tout le monde peut avoir. Pour une personne sans TOC, cette pensée passe comme un nuage.
Pour vous, elle provoque une angoisse. Votre solution est de vérifier. Vous vérifiez : l’angoisse s’apaise. Votre cerveau enregistre un message : « La vérification est la bonne solution pour réduire l’angoisse« .
C’est là que le piège se referme.
La prochaine fois, la pensée reviendra, encore plus forte, car elle a déjà un pouvoir prouvé sur vous. Vous vérifierez, mais peut-être deux fois pour être sûr. L’angoisse s’apaise à nouveau.
Vous voilà piégé dans une boucle de rétroaction. Votre solution (la compulsion) est ce qui entretient et renforce le problème (l’obsession).
Dans l’approche systémique de Palo Alto, on ne se bat pas contre le symptôme, on se bat contre la solution que vous appliquez. On ne cherche pas à réduire les rituels, mais à changer la logique de la relation entre vous et votre peur.
Votre angoisse n’est pas votre ennemie, elle est le carburant de la boucle.
Une autre vision des choses : lâcher prise sur le contrôle
Il ne s’agit pas d’une solution magique. Il ne s’agit pas non plus de nier l’existence de vos obsessions. Il s’agit de changer les règles du jeu.
L’approche systémique de Palo Alto ne vous donne pas des outils pour combattre, mais pour changer le terrain de jeu. L’objectif n’est pas de ne plus avoir de pensées intrusives, mais de ne plus avoir à réagir à leur présence.
L’arme secrète contre vos TOC : la thérapie du paradoxe
Si les TOC sont une logique qui vous piège, la seule façon de s’en sortir est de briser cette logique.
C’est le principe de la thérapie comportementale, école Palo Alto, la thérapie du paradoxe. Au lieu de combattre l’obsession, nous allons la prescrire.
C’est l’idée que votre peur n’est pas le problème, mais le résultat de vos solutions. Pour vous en libérer, vous devez adopter des comportements qui sont à l’exact opposé de votre instinct.
Imaginez l’obsession comme un gardien dont le seul but est de vous alerter sur un danger, et la compulsion comme une action de remerciement pour cette alerte.
Chaque fois que le gardien aboie, vous lui donnez une friandise. Le gardien, pensant qu’il a bien fait son travail, aboiera encore plus fort la prochaine fois.
La thérapie par le paradoxe vous demande non pas de le faire taire, mais de lui demander d’aboyer encore plus fort.
En vous imposant délibérément la pensée ou l’action qui vous fait peur, vous la dépossédez de son pouvoir.
Le TOC est nourri par la peur de l’avoir ; en l’embrassant, vous la rendez stérile. Cette approche, contre-intuitive, est la plus efficace pour déprogrammer la boucle infernale de la peur et du contrôle.
Une solution en 3 étapes concrètes
Ces étapes sont les applications directes de la thérapie du paradoxe.
Elles vont à l’encontre de tout ce que vous avez fait jusqu’à présent. Ces prescriptions sont conçues pour casser la logique de votre problème, pas pour vous soigner.
Étape 1
Cessez de fuir et de se rassurer.
Votre TOC vous pousse à éviter les situations, les pensées, les objets. Il vous pousse à vous rassurer constamment. L’action contraire, c’est-à-dire l’action stratégique, consiste à vous exposer à ces situations ou pensées, mais sans rituels.
Alors, asseyez-vous, et autorisez-vous à avoir la pire pensée possible. Dites-vous :
- « J’ai le droit d’avoir cette pensée, elle ne fait pas de moi une mauvaise personne.«
Ne la combattez pas, ne la jugez pas. Laissez-la exister.
Étape 2
Transformez vos compulsions en rituels « prescrits ».
La compulsion a un pouvoir sur vous. Il est temps de reprendre le contrôle. Prescrivez-vous votre propre symptôme.
Si vous avez besoin de vérifier 10 fois la porte, décidez de ne le faire que 5 fois… mais de façon minutieuse et ritualisée. Ou mieux, décidez de vérifier à un moment précis de la journée, et pas à un autre.
C’est contre-intuitif, mais en vous imposant vous-même la règle, vous vous placez en position de contrôle, non plus de victime. La compulsion n’est plus une obligation, mais une tâche que vous vous donnez.
Étape 3
Embrassez l’incertitude !
Le TOC se nourrit de votre besoin de certitude absolue. Votre rituel est une quête désespérée de certitude. L’action stratégique est de faire l’inverse : embrasser l’incertitude.
La prochaine fois que la pensée intrusive arrive, dites-vous :
« Et alors ? Je ne sais pas si le gaz est éteint et c’est OK«
Lâcher prise, ce n’est pas abandonner, c’est admettre que la certitude est une illusion et que vous pouvez vivre sans. C’est l’étape la plus difficile, mais c’est elle qui désarme le TOC de son arme la plus puissante.
Votre guerre contre les TOC est un combat sans fin : arrêtez de vous battre pour gagner
Votre TOC n’est pas votre ennemi. C’est votre manière de le gérer qui l’est.
Les méthodes classiques vous ont appris à le combattre, et c’est la raison pour laquelle vous êtes encore là, en train de lire cet article.
L’approche de Palo Alto ne vous donne pas des outils pour combattre, mais pour changer le terrain de jeu. L’objectif n’est pas de ne plus avoir peur, mais de ne plus être paralysé par la peur. C’est une approche chirurgicale, sans concession, et efficace.
Si vous êtes prêt à changer de stratégie, à déconstruire les mécanismes de votre angoisse, alors il est temps de faire une chose que vous n’avez pas encore faite : changer la règle du jeu.
C’est la promesse de deeler.app, une IA qui utilise les principes de l’approche systémique de Palo Alto pour vous aider à déconstruire les mécanismes de vos angoisses, qu’il s’agisse de phobie, de dépression, ou d’autres problèmes.
Deeler.app, c’est l’allié pour ceux qui ont déjà tout tenté.
Questions fréquentes – FAQ
Le TOC est-il une maladie mentale ?
Le TOC est souvent classé comme une maladie, mais il est plus pertinent de le considérer comme un ensemble de comportements et de pensées qui s’organisent en une boucle dysfonctionnelle. Il n’est pas une fatalité biologique, mais une stratégie de gestion de l’angoisse qui a dégénéré.
J’ai déjà suivi des thérapies, pourquoi rien ne fonctionne ?
Il est probable que les approches précédentes aient tenté de traiter le symptôme (la peur, le rituel) au lieu de la mécanique du problème. Le combat contre le TOC est ce qui le maintient en vie.
Les médicaments sont-ils efficaces ?
Les médicaments peuvent temporairement réduire l’angoisse associée aux TOC, mais ils ne déconstruisent pas la boucle de rétroaction. Ils masquent le problème sans le résoudre, et peuvent même renforcer l’idée que vous êtes incapable de vous en sortir seul.
Est-ce que le TOC se guérit ?
La question n’est pas tant de savoir s’il se guérit, mais plus s’il est possible de briser le mécanisme qui le maintient. En changeant votre interaction avec vos obsessions, vous pouvez rendre les TOC inopérants et reprendre une vie normale, sans avoir à vous battre.
Références et Ressources
Basé sur l’approche systémique de Palo Alto pour vous aider à déconstruire vos angoisses. Vous y trouverez des modules pour comprendre et agir sur sur votre problème.
C’est le moment de passer à l’action.
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Par Paul Watzlawick, John Weakland et Richard Fisch.Un ouvrage fondateur pour comprendre la logique des problèmes et la puissance des solutions paradoxales.
- Le Mental Research Institute (MRI) à Palo Alto
Le berceau de l’approche systémique. Une mine d’informations sur les travaux de ces chercheurs qui ont révolutionné la psychothérapie.
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