L’angoisse a-t-elle un sens ? Et si elle était une ruse brillante plutôt qu’un symptôme à éliminer ?
L’angoisse n’est pas un bug. C’est une stratégie.
On nous l’a vendue comme un parasite, une erreur de câblage, un déraillement intérieur. L’angoisse serait une pathologie, un dérèglement à corriger, une faute biologique, un symptôme d’anxiété. Soit.
Alors on la chasse :
- Médicaments,
- Techniques de relaxation,
- Coaching,
- Méditation,
- TCC,
- Sopalin émotionnel,
- et autres béquilles du marché du bien-être.
Mais si tout cela était une erreur de diagnostic ?
Et si l’angoisse était une stratégie, pas une pathologie ?
Un système de défense complexe, élaboré, finement organisé pour éviter ce qui serait pire qu’elle-même.
Et si, plutôt que de vouloir la faire taire, il fallait l’écouter comme un stratège écoute un espion revenu du front ?
L’angoisse, ce messager que personne n’écoute
Un symptôme, dans l’approche systémique, ce n’est jamais un problème. C’est une solution qui a trop bien marché.
Une jeune femme se met à suffoquer dès qu’elle doit prendre la parole. On diagnostique une phobie sociale, on lui apprend à respirer, à relativiser.
Mais on oublie de lui demander :
- A quoi sert cette angoisse ?
- Qu’empêche-t-elle ?
- Quelle relation déstabilise-t-elle ?
- Quelle logique invisible protège-t-elle ?
L’angoisse n’est pas une intruse. Elle est la garde du corps d’un équilibre intenable.
Elle se manifeste quand le système ne peut plus tenir debout sans béquille. Elle évite une parole, une décision, une confrontation, une rupture, une liberté.
Et à force de vouloir l’annihiler, on tire sur le messager sans jamais interroger le roi.
La société s’est liguée contre l’angoisse
Jamais dans l’histoire de l’humanité on n’a autant parlé de santé mentale. Jamais on n’a autant voulu “gérer l’anxiété« , “apaiser” le mental, “sécuriser” l’émotionnel.
Mais cette croisade contre l’angoisse n’a rien de neutre. Elle répond à un impératif culturel de productivité, de performance et de conformité.
Car une personne angoissée ralentit. Elle doute. Elle dérange.
Elle dit “non” sans oser, “stop” sans parler.
Elle interroge l’ordre établi, mais à l’envers, dans son propre corps.
L’angoisse est une grève corporelle.
Et comme toutes les grèves, elle gêne le système.
Le grand détournement psychologique
Les nouveaux prêtres du bien-être nous ont dit : “accueillez votre angoisse”, “faites-lui de la place”, “respirez avec”.
Mais jamais ils ne demandent : « pourquoi est-elle là ?«
Comme si l’angoisse n’était qu’une erreur de perception, un simple ressenti gênant à “déprogrammer”.
C’est une absurdité.
Car derrière chaque angoisse, il y a une mécanique de maintien.
Prenons une métaphore : imaginez un château assiégé.
Pour éviter l’effondrement du pont-levis, les gardes bloquent l’entrée avec des blocs de pierre. L’angoisse, c’est ce barrage. Si vous l’enlèvez sans comprendre pourquoi il a été posé, vous invitez les envahisseurs à entrer.
On ne traite pas l’angoisse, on traite ce qu’elle empêche.
Une société qui refuse le conflit crée de l’angoisse
Nous vivons dans une époque où le conflit est mal vu. Il faut être doux, empathique, aligné, bienveillant. La confrontation directe est un crime relationnel.
Alors à défaut de pouvoir dire non aux autres, on se dit non à soi-même. Et ce “non” refoulé, compressé, interdit, se met à tambouriner dans nos poitrines.
L’angoisse, souvent, c’est un refus qu’on ne s’autorise pas à exprimer.
Elle protège un lien, une image, une harmonie de façade.
Et chaque fois qu’on lui dit “tais-toi”, on collabore avec l’oppression subtile qui l’a fait naître.
Phénomène individuel, logique collective
On pense l’angoisse comme un symptôme individuel. Mais c’est un produit social.
- Une femme angoissée à l’idée de dire à son mari qu’elle ne l’aime plus.
- Un salarié angoissé à l’idée de démissionner d’un job absurde.
- Un étudiant angoissé à l’idée de ne pas être à la hauteur d’un système qui méprise l’échec.
À chaque fois, l’angoisse naît du tiraillement entre le devoir et le désir, entre la norme et l’élan, entre la loyauté au système et la fidélité à soi.
Et si elle devient insupportable, c’est parce que personne n’autorise la rébellion, même silencieuse.
L’angoisse comme forme de lucidité extrême
L’angoisse n’est pas une hallucination. C’est une perception aiguë des dangers invisibles.
Elle voit ce que les autres ignorent. Elle sent ce qui cloche quand tout semble normal. Elle anticipe ce que le langage ne dit pas.
Elle est une sentinelle. Une vigie. Certes, parfois elle se trompe. Elle voit trop. Elle amplifie.
Mais qui a décidé qu’il fallait toujours fonctionner au minimum vital de conscience ?
Le problème n’est pas qu’elle exagère. Le problème est que nous vivons dans un monde qui nie la complexité, simplifie les relations, gomme les paradoxes.
Dans un monde simplifié à outrance, l’angoissé est un.e résistant.e.
Il sent encore. Il capte. Il ne s’est pas entièrement débranché.
La médicalisation : arme de normalisation massive
Face à cette résistance, la réponse du système est simple : médicamenter, diagnostiquer, encadrer.
L’angoisse devient un “trouble anxieux généralisé”. Puis on la case dans la CIM-11 ou le DSM-5. On prescrit. On stabilise. On adapte. On neutralise.
Mais on ne demande jamais à quoi elle sert.
Pourquoi l’angoisse a-t-elle survécu à des millions d’années d’évolution ?
Parce qu’elle est utile: pas pour le confort personnel, mais pour la survie relationnelle.
Elle est la trace d’un équilibre impossible, le symptôme d’un système qui s’effondrerait sans elle.
La supprimer sans analyser les règles du jeu qui l’ont produite, c’est tirer sur l’alarme incendie sans regarder si le feu couve.
Derrière chaque angoisse : une interdiction cachée
Quand un patient me dit : “Je suis angoissé”, je n’entends pas “J’ai un trouble”.
J’entends : “Je suis pris dans une logique invisible.”
Ce patient ne s’autorise pas à :
- Quitter,
- Dire,
- Confronter,
- Abandonner,
- Réclamer,
- Être.
L’angoisse, c’est souvent le prix à payer pour rester dans un rôle assigné.
Et tant qu’on ne change pas le rôle, le scénario se répète.
Sortir de l’angoisse, ce n’est pas “guérir”
Sortir de l’angoisse, c’est changer de système.
C’est créer les conditions pour que l’angoisse n’ait plus à jouer son rôle.
Ce n’est pas lui faire la guerre, c’est lui rendre sa liberté.
Dans l’approche systémique, on ne se demande pas : “Comment faire baisser l’angoisse ?”
On se demande :
- “Qu’est-ce qu’elle protège ?”
- “À quel prix ?”
- “Qu’est-ce qui serait mis en péril si elle disparaissait ?”
- “Qui bénéficierait de son maintien ?”
L’angoisse est un signal d’intelligence systémique
Vouloir éradiquer l’angoisse, c’est comme vouloir tuer la douleur sans guérir la plaie.
L’angoisse n’a pas un sens linéaire, mais une fonction circulaire. Elle relie les personnes, les attentes, les injonctions, les loyautés, les peurs de perdre, les tentatives de sauver, les silences et les interdits.
Elle est le langage d’un système qui se débat, pas la faute d’un individu dysfonctionnel.
Et si nous l’écoutions comme un chant codé, un langage caché de nos systèmes en tension, elle pourrait devenir la clé de sortie, et non le cadenas.
Écouter l’angoisse pour mieux s’en libérer
L’angoisse n’est pas un ennemi à abattre, mais un messager qui a un rôle à jouer.
C’est précisément dans cette logique que s’inscrit deeler.app.
L’application n’est pas conçue pour « guérir » l’angoisse ou l’éliminer par des techniques de surface. Son objectif est de vous donner les outils pour l’écouter.
L’IA de deeler.app vous propose un cadre systémique pour décoder le « chant codé » de vos angoisses, phobies et autres problématiques (jalousie, paranoïa, etc.).
En vous guidant avec des questions ciblées – comme :
- « Qu’est-ce que l’angoisse protège ?«
ou
- « Quel rôle essayez-vous de tenir ?«
L’application vous aide à identifier les logiques invisibles et les interdictions cachées qui sont à la source de votre souffrance.
Au lieu de faire la guerre au symptôme, vous travaillez à comprendre la fonction qu’il remplit.
C’est un chemin de libération qui passe par la prise de conscience et la transformation des systèmes de pensée et de comportement qui vous maintiennent dans l’angoisse.
Deeler.app devient ainsi la clé pour ouvrir les portes que l’angoisse a verrouillées, en vous aidant à créer les conditions pour qu’elle n’ait plus à jouer son rôle de « garde du corps » d’un équilibre intenable.
Important
Pour aller plus loin dans votre réflexion, Deeler.app vous accompagne avec des exercices personnalisés et un suivi de votre évolution.
Posez votre question et obtenez une réponse immédiate.
Questions les plus fréquentes
L’angoisse est-elle une maladie mentale ?
Non, pas nécessairement. L’angoisse peut être une stratégie de survie, un signal d’alarme d’un système déséquilibré.
L’approche systémique la considère comme une solution, même si elle est douloureuse, qui protège la personne d’un danger perçu comme pire qu’elle-même.
Comment la société nous influence-t-elle face à l’angoisse ?
La société de performance et de conformité nous pousse à considérer l’angoisse comme un défaut à corriger.
Elle nous incite à vouloir l’éliminer rapidement par la médicalisation ou les méthodes de bien-être, sans interroger les raisons de sa présence.
L’angoisse devient alors une « grève corporelle » contre un système qui nous enferme.
Comment puis-je sortir de l’angoisse sans chercher à l’éliminer ?
La solution n’est pas d’éliminer l’angoisse, mais de changer le système qui la génère.
Cela implique de s’interroger sur ce qu’elle protège, sur les interdictions cachées et sur les rôles que vous ne vous autorisez pas à quitter.
En comprenant son sens, vous créez les conditions pour qu’elle ne soit plus nécessaire.
Références externes
Palo Alto : une autre histoire de la communication
Cet article qui explore les principes de l’École de Palo Alto et de l’approche systémique, qui est au cœur de la réflexion de psychonoclast.com
La psychiatrie face à la société
Discussion sur la médicalisation de la souffrance psychique et les limites de l’approche purement biologique des troubles mentaux.
Le DSM-5 et le diagnostic des troubles anxieux
Cette ressource explique comment les manuels de diagnostic classifient l’angoisse et l’anxiété, pour contextualiser la critique de la médicalisation.